Paris - Théâtre de la Bastille jusqu’au 29 mars 2009

Oncle Vania d’Anton Tchekhov

Anton notre contemporain

Oncle Vania d'Anton Tchekhov

Une aire de jeu rectangulaire, occupée successivement par un tapis et une longue table de banquet, figure sans autre illustration la propriété de campagne du professeur Sérébriakov. Bordée sur trois côtés de quelques rangs de gradins où prennent place les spectateurs - après avoir été invités à prendre un verre par les comédiens, cette organisation spatiale et scénographique donne la tonalité de la représentation de cette pièce de Tchekhov par le Collectif Les Possédés. La reprise d’un spectacle fondateur pour ce groupe, créé en 2002 par Rodolphe Dana et Katja Hunsinger, qui depuis a poursuivi sa démarche théâtrale en abordant à deux reprises l’écriture de Jean-Luc Lagarde (Derniers remords avant l’oubli et Le Pays lointain) avec un même esprit tendant à établir un équilibre entre la mise à distance des personnages et leur incarnation par les comédiens. Dépouillée d’une imagerie convenue parfois encore accolée à l’œuvre de Tchekhov, la représentation s’inscrit dans une rencontre de proximité avec les spectateurs dont les comédiens paraissent parfois issus. Dans cette tentative de démythification du rite théâtral, le drame tchékhovien ne perd rien de sa densité humaine et rend proches les déceptions, frustrations, et le mal de vivre des personnages. A un moment ou un autre, chacun peut se sentir en empathie avec la séduisante Eléna Andréevna (Katja Hunsinger), seconde épouse du professeur, ou son soupirant le médecin Astrov (Rodolphe Dana), et bien sûr avec un Vania (émouvant David Clavel) humilié et offensé qui trouvera apaisement auprès de sa nièce Sonia (Marie-Hélène Roig). Cette perception est surtout issue de la relation établie par le dynamisme et la vitalité de comédiens qui ne s’embarrassent pas de faux semblants, mais s’expriment avec naturel dans un jeu beaucoup plus construit qu’il n’y parait. Dans cet exercice périlleux, certains d’entre eux se perdent parfois avant de reprendre le cap, mais cela n’altère pas la réussite globale et l’intelligence de cette représentation qui porte en elle quelques moments magiques. En 1896, dans La Mouette, Tchekhov écrivait “ Il faut (au théâtre) des formes nouvelles”. A leur manière, Les Possédés continuent le combat.

Oncle Vania d’Anton Tchekhov par le Collectif Les Possédés, traduction André Markowicz et Françoise Morvan, mise en scène Rodolphe Dana et Katja Hunsinger, avec Simon Bakhouche, Katja Hunsinger, Marie-Hélène Roig, Michelle Frages, David Clavel, Rodolphe Dana, Nadir Legrand, lumières Valérie Sigward. Théâtre de la Bastille jusqu’au 29 mars 2009. Lieu Unique – Nantes du 21 au 25 avril 2009. Durée 2 heures.

A propos de l'auteur
Jean Chollet
Jean Chollet

Jean Chollet, diplômé en études théâtrales, journaliste et critique dramatique, il a collaboré à de nombreuses publications françaises et étrangères. Directeur de publication de la revue Actualité de la Scénographie de 1983 à 2005, il est l’auteur de...

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