Iphigénie à Splott de Gary Owen

Le vent de la colère

Iphigénie à Splott de Gary Owen

Récit à la première personne d’une jeune femme qui coche toutes les cases de la marginalité, drogue, alcool, solitude, déclassement social, grossesse non désirée. L’irruption de la passion dans sa vie lui laisse croire un instant qu’elle va enfin sortir du tunnel et donner un sens à son existence, mais non, cela n’arrivera pas, il ne faut pas rêver, l’espoir n’est pas de mise à Splott, quartier déshérité de Cardiff, frappé par la désindustrialisation, où l’auteur gallois Gary Owen a passé son enfance.
Dans un monologue coup de gueule, Gwendoline Gauthier éructe sa rage et sa douleur, son désespoir de laissé-pour-compte. Le bonnet enfoncé sur le crâne, vêtue du sempiternel survêt, elle fait une entrée speed sur le plateau, accompagnée par la musique rock très énervée et grondante des trois musiciens, guitares et clavier, François Sauveur, Pierre Constant et Julien Lemonnier. Effie est une battante, une boxeuse. Un espoir d’éclaircie, et la voilà transformée, lumineuse, prête à y croire, douée d’une vitalité incroyable. Elle ne baisse pas les bras, mais jusqu’à quand pourra-t-elle supporter ce régime intenable ? Effie est une représentante des classes populaires délaissées, sacrifiées pour que d’autres, plus chanceux, puissent profiter de la vie, mais « que se passera-t-il le jour où on n’encaissera plus ? » interroge Effie. La transposition du mythe grec d’Iphigénie sacrifiée par son père pour que le vent se lève et que les bateaux puissent faire voile vers Troie trouve ici une application politique et sociale pertinente. Le metteur en scène belge Georges Lini fait de ce monologue à la langue crue et rugueuse un réquisitoire sans appel contre les effets toxiques du libéralisme, interprété par une comédienne à la présence électrique.

Iphigénie à Splott de Gary Owen, traduction de Blandine Pélissier et Kelly Rivière, mise en scène Georges Lini, musique François Sauveur, Pierre Constant, Julien Lemonnier, avec Gwendoline Gauthier. A Avignon, au 11, jusqu’au 29 juillet à 10h20. Durée : 1h30.
© Debby Termonia

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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