Nanterre, Théâtre Nanterre-Amandiers jusqu’au 9 avril 2011
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée et On ne saurait penser à tout, de Musset,
Jeu de massacre
L’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, où nous avons vu le spectacle, et Nanterre-Amandiers donnent sa première chance à une jeune femme, spécialiste de Musset dans le cadre universitaire et assistante de divers metteurs en scène, tels que Jean-Pierre Vincent. Ces structures et sa propre compagnie, L’Alarme à l’œil, lui permettent de monter un diptyque Musset qui enchaîne un duo à fleurets mouchetés, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et une pièce un peu folle, une sorte de pré-Labiche (mais dans le milieu des rois et des aristos), On ne saurait penser à tout. De quoi se réjouir, si l’on en reste à l’affiche : c’est un versant de Musset qu’on joue rarement. Hélas, la réjouissance espérée n’est pas au rendez-vous. Frédérique Plain situe ces œuvres romantiques dans un décor des années 50, avec canapé en skaï et chaises à tubulures. Un contexte d’une rare laideur que les costumes et le style de jeu relaient fidèlement ! A décaler tout ce qui fait le rituel des comtes et des comtesses, les ressorts de fascination ironique s’effondrent sans tarder. Quand on remplace les codes d’une époque, il faut en trouver d’autres. Il faut jongler avec les équivalences. Mais non, Frédérique Plain transpose avec une légèreté militaire ce qui est nuances et références. Dans ce désastre continu, une scène, celle où le marquis (Rodolphe Congé) et la comtesse (Caroline Piette) se rejoignent en chantant, peut être sauvée. Mais c’est le seul moment de grâce d’une tentative qui entend attraper Musset là où il n’est pas.
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée et On ne saurait penser à tout, de Musset, mise en scène de Fédérique Plain, scénographie et costumes de Delphine Sainte-Marie, lumière d’Eric Rossi, son de Benjamin Furbacco, chanson de Pascal Sangla. Nanterre-Amandiers, tél. : 01 46 14 70 00, jusqu’au 9 avril. Puis Dijon, 12-14 avril. Bourg-en-Bresse, 19-20 avril. (Durée : 1 h 50).
© J.Piffaut
