Mais quelle comédie ! musicale, par Serge Bagdassarian et Marina Hands

Grand cabaret salle Richelieu

Mais quelle comédie ! musicale, par Serge Bagdassarian et Marina Hands

Le spectacle est un prolongement de La comédie continue ! conçu durant le confinement et diffusé en ligne. Dans Mais quelle comédie ! musicale les comédiens nous parlent d’eux, de leur travail, de leur rapport avec le public ; on entend le soulagement et le plaisir de jouer à nouveau, enfin, et cela dans le cadre d’une proposition festive, joyeuse, jubilatoire, presque affectueuse.
Entre cabaret et comédie musicale, le spectacle imaginé par Serge Bagadassarian et Marina Hands est une bouffée d’air après tant de mois de réclusion, un feu d’artifice d’inventivité, où imagination et humour débridés font bon ménage, dans une scénographie dynamique de la jeune Chloé Bellemère qui ne boude pas les références du genre, escalier monumental, paillettes, plateau surélevé où sont installés les musiciens dans une ambiance en rouge et noir, au-dessus de petites tables de cabaret disposées en fond de scène où les comédiens viennent s’asseoir.
En ouverture, une chorégraphie enlevée et spectaculaire sur une chanson de Cole Porter. Le maître de cérémonie, Serge Bagdassarian vêtu d’un extravagant costume d’or scintillant (Christian Lacroix), déclare tout de go au public : « C’était le final, c’est ce qu’il y a de mieux dans le spectacle, alors on a décidé de commencer avec ! Bienvenue, mesdames et messieurs à la Comédie-Française ! Vous nous avez tellement manqué. » Les propositions incroyablement variées enchaînent les solos, les ensembles, chantés, dansés (magnifiquement chorégraphiés par Glysleïn Lefever), les sketches, les scènes de théâtre. Le numéro impayable d’Alain Lenglet et Noam Morgensztern, c’est Pierre Dac, Francis Blanche et Desproges réunis. Anne Kessler, dont on connaît le talent comique, se livre à une parodie burlesque de la chanson Si maman si de France Gall.
Côté comédie musicale, on se régale à l’écoute de la voix enjôleuse de Marina Hands dans Mein Lieber Herr (Cabaret de Bob Foss) qui nous ravit autant que les accents canailles de la jeune Salomé Benchimol avec son Tralala qui n’a rien à envier à Suzy Delair. Julie Sicard taquine les claquettes avec entrain et Yoann Gasiorowski redonne vie et couleurs à Gene Kelly avec l’inoubliable Gotta dance (Singin’ in the rain). Des citations, ça et là, Peau d’âne de Jacques Demy ou une évocation fugitive de Mary Poppins et sa formule magique si difficile à articuler : les écueils de la diction, le cauchemar des acteurs.
Serge Bagdassarian donne une version déchaînée de la chanson de Jeane Manson, Avant de nous dire adieu, accompagné par un chœur antique indiscipliné. Côté théâtre, notons, entre autres, les récits imaginaires de six personnages féminins transformées en six furies meurtrières interprétées par Marina Hands, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Jennifer Decker, Sylvia Bergé.
. Des confidences des comédiens s’insinuent dans un joli exercice « péréquien » de Je me souviens, un rien mélancolique. L’une raconte ses problèmes de mère de famille, l’autre fait semblant de se plaindre de devoir apprendre la guitare pour la prochaine Cerisaie. Elsa Lepoivre dans sa loge n’en peut plus d’enchaîner spectacle sur spectacle. Yoann Gasiorowski ouvre et ferme le spectacle avec le récit émouvant de son embauche par Eric Ruf.
Ce Broadway parisien emporte une adhésion du public enthousiaste et bien méritée. Une déclaration d’amour au théâtre et au public : ma plus belle d’histoire d’amour c’est vous, comme le chantait Barbara.

Mais quelle comédie ! (musicale), conception et mise en scène Serge Bagdassarian et Marina Hands. Scénographie Chloé Bellemère (promotion 2021 de l’académie de la Comédie-Française). Costumes, Christian Lacroix et Jean-Philippe Pons. Lumière, Bertrand Couderc. Direction musicale et arrangements, Vincent Leterme et Benoît Urbain. Son, Julien Hulard. Chorégraphie, Glysleïn Lefever. Avec Anne Kessler, Sylvia Bergé, Alain Lenglet, Florence Viala, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Nicolas Lormeau, Jennifer Decker, Noam Morgensztern, Gaël Kamilindi, Yoann Gasiorowski, Clément Bresson, Marina Hands, et Salomé Benchimol et Nicolas Verdier (promotions 2021 de l’académie de la Comédie-Française). Musiciens : Vincent Leterme, Benoît Urbain, Pierre-Jules Billon, Philippe Briegh clarinette, saxophone, violon David Doucerain, Pierrick Hardy, Olivier Moret, Luce Perret.
A Paris, Comédie-Française, jusqu’au 3 janvier 2022. Durée : 2h.
www.comedie-francaise.fr
© Vincent Pontet

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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