Une servante pour remplacer Molière

Une servante pour remplacer Molière

Les Molières, on le sait, étaient au théâtre ce que les Césars ou les Oscars sont au cinéma. Une cérémonie au cours de laquelle toute une profession ( auteurs, metteurs en scène, comédien(e)s, scénographes, costumiers…) distinguait l’un des siens. Un coup de projecteur mis sur des œuvres et des artistes manière de faire la fête en famille. Celle du théâtre, hélas, n’en finit pas de se quereller. Les dissensions qui l’agitent sont souvent assassines. La preuve, les Molières en restèrent sur le carreau !
Voici maintenant La Servante, la lampe qui reste allumée quand le plateau est vide, emblème de ce qui s’appelle aujourd’hui « Le palmarès du théâtre », résultat des délibérations d’un jury présidé par Patrice Leconte et composé de huit personnalités dont la plupart appartiennent au monde du cinéma et de la télévision. Leur choix s’est effectué à partir d’une présélection de 20 spectacles établies par les directeurs de théâtre eux-mêmes, ce qui donne un petit côté promo aux récompenses attribuées.

Ont donc été distingué(e)s entre la page des sports et le JT de France 2, le dimanche 28 avril, Francine Bergé et Robert Hirsh (prix du jury), Grégory Gadebois (meilleur comédien) pour Des fleurs pour Algernon , couronnée meilleure pièce du théâtre privé. La servante de la meilleure pièce du théâtre public est revenue à Joël Pommerat pour La réunification des deux Corées .
Pascal Rambert ( Prix de l’auteur) pour La Clôture de l’amour , pièce déjà distinguée en 2012 par le Syndicat de la critique. Pour son interprétation dans cette même pièce, Audrey Bonnet reçoit la servante de la meilleure comédienne.
Marie-Julie Baup (meilleure comédienne dans un second rôle) dans Le Songe d’une nuit d’été mis en scène par Nicolas Briançon. François Loriquet (meilleur comédien dans un second rôle) dans « Les Revenants » d’Ibsen mis en scène par Thomas Ostermeier.

Ont également été distingués François Morel (Prix de la comédie),pour les spectacles actuellement à la Pépinière Opéra, les Borhinger père et fille (coup de cœur du jury) pour J’avais un beau ballon rouge , Jean Bellorini (Prix du metteur en scène) pour Paroles gelées spectacle, lui aussi, couronné la saison dernière par le Syndicat de la critique. La Servante du spectacle seul en scène est revenue à Didier Brice pour son spectacle actuellement au Théâtre la Bruyère Le Journal d’un poilu

Après la distribution des prix, « La Troupe d’un soir » programmée après le journal se voulait soirée ludique destinée à « renouveler la visibilité du théâtre à la télévision » et à prouver que le théâtre non seulement n’était pas ennuyeux mais festif. On attendait un somptueux festin, on a eu un brouet touillé d’indigence. Il n’est pas certain, même avec des Arditi, Berléan, Berling, Renucci et autre Marielle en tête de gondole, que la succession de numéros, sketches et saynètes aient convaincu les téléspectateurs du merveilleux du théâtre. En ces temps de mariage pour tous, celui du théâtre et de la télévision reste décidément impossible.

Photo Fabienne Rappeneau

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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