Paris, Lucernaire

Marilyn entretiens, d’après Michel Schneider

Marilyn versus Norma

 Marilyn entretiens, d'après Michel Schneider

Marilyn Monroe est morte en 1962, l’année où pour la seconde fois elle était couronnée star mondiale. On aura tout dit sur elle, sans jamais vraiment la connaître, comme elle ne se connaissait pas elle-même, elle qui disait que Norma n’existait pas et que Marilyn n’existait qu’à l’écran. On aura beau regarder encore et encore films et photographies en cette année 2012 où l’on parle beaucoup d’elle, on ne percera pas ce mystère tapi dans l’ombre des projecteurs qui l’aveugle. C’est ce qu’a pourtant essayé de faire le psychanalyste et romancier Michel Schneider dans son roman joliment intitulé Marilyn dernières séances. En mettant en scène les séances chez son psychanalyste Ralp Greenson qui durèrent de janvier 1960 au 4 août 1962, il nous fait entrer dans la part la plus intime de l’artiste, sauf qu’il s’agit d’un roman, d’une image projetée rêvée et non d’une biographie. Mais la fiction est parfois le plus court chemin vers la vérité. Mais ce qui intéresse Schneider dépasse le cas Marilyn pour ouvrir sur une réflexion plus large.

Dans son adaptation, Stéphanie Marc a resserré le champ sur Marilyn. Affublée d’une perruque noire, comme celle dont l’actrice pouvait se coiffer pour séduire le premier homme qui passe dans la rue, vêtue d’un manteau noir un peu masculin qui découvre l’une de ses jambes nue sous le bureau derrière lequel elle est assise, elle s’adresse au public comme à son psy, alternant la sincérité des propos et l’envie de séduire. La nature même de la relation la contraint à un ton un peu monocorde. On n’apprend rien de révolutionnaire sur cette icône éternelle du cinéma, mais ce n’est pas le propos. Stéphanie Marc relève le défi de faire vivre Marilyn à travers les mots seuls, elle qui souffrait tant de n’être qu’une belle image. Bien que le spectacle ne puisse pas rendre la complexité du roman, il en rejoint l’enjeu principal dans cette confrontation entre l’image et les mots qui en est le sujet en creux et qui intéresse et le psychanalyste autant que chacun d’entre nous.

Marilyn entretiens, d’après le roman de Michel Schneider, Marilyn dernières séances (Grasset, 2006), par et avec Stéphanie Marc. Scénographie Cécile Marc. Au théâtre du Lucernaire, du 5 septembre au 27 octobre 2012, du mardi au samedi à 18h30. Durée : 1 heure.
Tél. 01 42 22 26 50.

www.lucernaire.fr

© Marie Clauzade

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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