Paris, théâtre de l’oeuvre

Il faut je ne veux pas de Musset et Besset

Les proverbes du mariage

Il faut je ne veux pas de Musset et Besset

Etrange titre que « Il faut je ne veux pas », mais on le comprendra en apprenant que Jean-Marie Besset, pour l’un des nouveaux spectacles du Centre dramatique des 13 Vents qu’il dirige à Montpellier, a mis bout à bout un proverbe de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et un proverbe moderne de sa composition, Je ne veux pas me marier. Il oppose ainsi deux temps, deux siècles, deux regards sur le mariage. Dans la pièce de Musset, une marquise reçoit les hommages d’un comte tout en s’en moquant et en revendiquant sa liberté, mais elle sait qu’elle ne peut choisir la voie du célibat : le mariage reste une forme d’accomplissement pour la femme, même au moment de la rupture romantique. Cette pièce, on la connaît, bien que les proverbes ne soient presque plus joués. La seconde pièce est, elle, un inédit, assez inattendu dans l’oeuvre de Jean-Marie Besset, généralement tournée vers les relations tourmentées ou provocatrices de la bisexualité, de l’homosexualité et de l’ambition sociale. L’action de Je ne veux pas me marier se passe à la veille d’un mariage. La fiancée, prof de maths, savoure chez elle sa solitude quand son fiancé, jeune financier déjà installé sur le chemin du pouvoir, arrive sans crier gare. Ils n’échangent ni des mots d’amour ni des considérations idéalistes. La jeune femme se rebelle, l’homme ne sait comment faire face à une mise en cause qu’il n’a jamais imaginée. Alors le mariage du lendemain, volera-t-il en éclat ?

Habilement, la mise en scène de Besset met en parallèle une élégante joute dans un salon en arabesques et un affrontement de plus en plus rude dans une chambre sans esthétique. Grâce à un jeu d’apparences derrière des tulles, hier vient en surimpression sur aujourd’hui. Blanche Leleu interprète la marquise avec une belle joliesse hautaine. Chloé Olivères est la jeune indépendante du XXIe siècle, avec l’art des silences et des éclats. Adrien Melin incarne les deux hommes, le roué et le décontenancé, d’une manière aussi tendue et troublée. Entre les deux actes on aura tendance à préférer le second, évidemment plus mordant, joué, lancé et déroulé sans le respect dont bénéficie l’auguste Musset. Mais la soirée est à aimer dans son ensemble. Ce diptyque sur le mariage en deux temps de notre histoire était une bonne idée, qui est devenu un beau spectacle.

Il faut je ne veux pas, diptyque composé de Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée de Musset et de Je ne veux pas me marier de Jean-Marie Besset, mise en scène de Jean-Marie Besset, scénographie de Gérard Espinosa, lumière de Martine André, costumes de Marie Delphin, son et vidéo de Serge Monségu, avec Blanche Leleu, Chloé Olivère, Adrien Melin. Théâtre de l’Œuvre, tél. : 01 44 53 88 88. (Durée : 1 h 40). Texte de Jean-Marie Besset à L’Avant-Scène Théâtre.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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