Comédie Française - Paris Ier

36 Chandelles dans la Maison de Molière, Catherine Salviat

36 Chandelles ...

36 Chandelles dans la Maison de Molière, Catherine Salviat

Le 11 décembre 2006, le Théâtre Français, notre chère Salle Richelieu va palpiter à l’unisson au rythme cardiaque de Catherine Salviat. Cette Soirée exceptionnelle et unique sera « Sa Soirée ».

Pensionnaire, Sociétaire Quid

Cet évènement mérite quelques explications. La Troupe de la Comédie Française est constituée de pensionnaires et de Sociétaires. On est d’abord engagé en tant que pensionnaire pour une durée de 1 à 2 ans, renouvelable éventuellement. Puis selon son mérite, le Comité d’Administration (composé de l’Administrateur et des membres élus et issus des Sociétaires) agrée le pensionnaire comme sociétaire pour 10 ans, renouvelable à 15, 20 ans puis d’années en années ...

Puis le Comité permet au Sociétaire « d’accéder à la retraite », terme pudique qui cache parfois des grincements de dents. Mais le Comité peut décider que le Sociétaire sortant peut devenir Sociétaire Honoraire, statut ou titre qui lui permet d’être invité à revenir jouer dans la Maison de Molière.

Lorsque le ou la Sociétaire a participé à la grandeur de la Maison, il ou elle peut, soit avoir une prime, soit avoir la salle Richelieu pour lui ou pour elle, pour un spectacle de son choix. La dernière fois qu’une telle soirée eut lieu, ce fut pour Louis Seigner. Cette soirée fut filmée, et constitue encore un document formidable, surtout l’extrait mille fois passé de Robert Hirsch, jouant Agnés et disant « La Cigale et la petite fourmi », quel régal !.

De la soubrette à la duègne

Catherine Salviat a tout joué dans cette Illustre Maison. Elève au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, elle fît quelques figurations. Annick Blancheteau la présente à Jacques Charron, alors Sociétaire omnipotent (il faut lire son livre de souvenirs qui est l’une des plus belles autobiographies de comédien). Ce dernier la distribue dans Le Mariage Forcé, où elle sera une égyptienne envoûtante. Catherine Salviat évoque avec émotion et drôlerie ses « Maîtres ». Au Conservatoire, elle aura Fernand Ledoux comme professeur, « avec Nicole Calfan, nous ne comprenions pas tout ce qu’il disait, mais aujourd’hui je comprends ».

Elle fera partie de la mythique « Trilogie de la Villégiature » de Goldoni, présentée à l’Odéon dans la mise en scène de Giorgio Strehler. « Je n’aimais pas les répétitions avec lui, elles étaient passionnantes. Nous commençions vers 13h et sortions éblouis vers minuit passé. Le temps était passé comme dans un rêve. Paraît-il que Strehler ne serait que Goldoni ! ». Avec Anatolé Vassiliev, elle participe à l’aventure du Bal Masqué
, une aventure palpitante sur le travail du comédien . Même si le souvenir est un peu douloureux, ce fut le dernier rôle de Richard Fontana. Même si elle se disputa beaucoup avec Vassiliev, ils sont aujourd’hui très amis.
Autre grand maître de la langue française, Valère Novarina qui a mis en scène son Espace furieux. La rencontre de ces deux amoureux de la langue française est fusionnelle. « Il faut se laisser emporter par sa musique
 »
.

Un corset, un verre d’eau, une ombrelle pour une sociétaire

Dans la carrière de Catherine Salviat, on ne peut oublier La Nuit et le Moment qu’elle joua avec son grand ami Francis Huster sous la direction de Jean-Louis Thamin. D’abord donné dans la salle du Petit-Odéon, le succés est immédiat. De la petite salle archicomble, La Nuit et le Moment remplit la grande salle. Il faut faire des heures de queue pour pouvoir assister au libertinage exquis de Crébillon. « Avec Francis, nous partagions la même loge, quand on est dans un succés, il faut être vigilant de ne pas décevoir. Tous les soirs, on se disait, tiens ce soir !, on sera Liz Taylor et Richard Burton, le lendemain nous étions Vivien Leigh et Laurence Olivier ». Marivaux fut l’un de ses grands auteurs, L’Epreuve est une pièce fétiche, elle la passa au Conservatoire et la joua Salle Richelieu dans une mise en scène de Jean Louis Thamin avec sa soeur Christine Murillo. Elle reprit avec bonheur La Fausse Suivante dans la mise en scène de Jacques Lassalle en tournée au Caire.

Autre rôle phare dans sa carrière Le Verre d’eau d’Eugène Scribe dans une luxueuse mise en scène de Raymond Rouleau, avec son ami Nicolas Silberg et dans le rôle de la Reine, Genevève Casile. Grâce à son interprétation dans Le Verre d’eau, elle sera nommée “Sociétaire”. Si Catherine Salviat déclare : « j’ai fait du théâtre pour dire du Bernanos », elle joua Le Dialogue des Carmélites, cette déclaration de foi vaut pour Marivaux, Novarina ; François Billetdoux qu’elle joua avec Jean-Paul Roussillon un grand directeur d’acteur. On le voit, la petite brune qui passa en 1969 le concours avec L’Ingénue de l’Epreuve aime brouiller les pistes, brasser les cartes du destin, tragédienne, soubrette, duègne, puis folle dans Les Bacchantes, sa palette possède les mille couleurs de la vie.

36 Chandelles ...

Pourquoi ce titre puisque Catherine Salviat telle une petite souris à la Béatrice Potter, trotte menue dans les couloirs de la Grande Maison depuis 40 ans. Le spectacle commence avec sa soeur Christine Murillo qui lui pose cette question : « On voit 36 chandelles quand on est sonné, quand on est ébloui et que l’on revoit sa vie ». Thiery Hancisse a fabriqué 8 lustres de 5 bougies qui seront allumés par 8 comédiens. Tout est très symbolique et le spectacle cimenté par l’amitié et l’admiration. Catherine n’oublie ni ses amis, ni ses Maîtres. Ceux qui ne pourront pas être là seront présents par leur voix. Nous serons très émus d’entendre Lucien Pascal décédé à 100 ans et Daniel Znick décédé cet été prématurément. Si le souvenir est une constituante de notre Sociétaire Honoraire, cette Cathy la tempête va de l’avant. Seront présents, ses compagnons de route : Michel Duchaussoy, Francis Huster, Geneviève Casile, Genevève Casadesus, deux très grandes dames du Théâtre. Mais également, Shahrokh Moshkin Ghalam, Elsa Lepoivre et Léonie Simaga dont elle aimme le talent.

Catherine Salviat a les yeux qui pétillent comme une petite fille devant un sapin de Noël. Elle est gourmande, épicurienne, généreuse, profonde. Cette grande passionnée qui prend la vie à bras le corps avec une énergie communicative. Le Théâtre est une grande partie de sa vie, se lève tôt pour avoir une vie en dehors du théâtre, fait du sport, etc... Elle aime la danse, la musique, le cirque. Ils seront presque tous là, ses amis du Conservatoire, de scène, de piste. Il y aura aussi Alexis et Gypsie Gruss. La Comédie Française chuchotte, pétille, cracotte. Tous les services de la Maison participent à cette grande fête avec un enthousiasme fébrile.

Ne croyez surtout pas que cette soirée soit un Au revoir ! puisque Catherine Salviat est à l’affiche du Cid, de Cyrano de Bergerac, et de Pedro et le Commandeur. Quand on lui demande quelle rôle elle aimerait interpréter, elle répond, mutine et passionnée : « Celui qui est dans la tête de quelqu’un qui pense à moi ». Rien d’étonnant à cela puisque la devise de Catherine Salviat est cette phrase magnifique de Georges Bernanos : « Le hasard est la logique de Dieu » .

36 Chandelles dans la Maison de Molière, Catherine Salviat, spectacle unique avec 50 comédiens, des danseurs, conception, texte et mise en scène Catherine Salviat avec les services techniques de la Comédie Française , le lundi 11 décembre.

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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