A l’Athénée jusqu’au 4 janvier 20024

Le voyage de Gulliver d’après Swift

Valérie Lesort et Christian Hecq font du récit de Swift une comédie musicale hilarante pour marionnettes hybrides.

Le voyage de Gulliver d'après Swift

Le couple d’enchanteurs Valérie Lesort /Christian Hecq n’en finit pas de nous épater/régaler. Après des succès comme 20 000 lieues sous les mers, à la Comédie-Française en 2015, voilà qu’ils produisent un théâtre de « marionnettes hybrides ». Le prétexte en est le roman fantastique et satirique Les voyages de Gulliver, de Jonathan Swift (1721). Et plus précisément le premier de ces Voyages, celui qui voit le chirurgien de navire anglais Lemuel Gulliver échouer, après un naufrage, sur l’île de Lilliput, peuplée de créatures minuscules qui ne dépassent pas les 15 centimètres de haut.

Très astucieux et d’un comique irrésistible, le procédé de marionnettes hybrides consiste à placer le visage des comédiens bien vivants, parlants et même chantants, dans des corps de marionnettes. La scène est une sorte de boîte à jouer, un castelet dans lequel des toiles peintes figurent les différents décors réduits à leur plus simple expression. Selon le procédé du théâtre noir, les lumières savamment dosées permettent d’effacer entièrement le vrai corps des comédiens en mettant en valeur leur visage, et aussi d’obtenir des effets magiques, vols, disparitions, déformations … Seul comédien à taille humaine, Gulliver, joué par Mathieu Perroto, qui a la candeur voulue par le rôle, passe aux yeux des Lilliputiens pour un géant.

Coeurs emojis

D’autres trouvailles scéniques émaillent la pièce comme les cœurs émojis qui volètent autour d’un couple d’amoureux qui roucoulent. Valérie Lesort, qui a fait l’adaptation du roman de Swift, l’a en effet un peu adouci, se concentrant sur les travers des habitants de Lilliput et de leurs dirigeants, lesquels ressemblent comme deux gouttes d’eau aux nôtres.

Les puissants, avec leur soif de pouvoir absolu, leur orgueil démesuré qui les entrainent dans des guerres absurdes et inutiles, en prennent pour leur grade. Ainsi les habitants de Lilliput font une guerre sans fin à ceux de l’île voisine de Blefescu au motif qu’ils veulent imposer leur manière de manger les œufs à la coque ! Les premiers prétendent qu’il faut les manger par le petit bout et sont appelés les Petits-boutiens, les seconds par le gros bout, et sont donc des Gros-boutiens ! Mais Gulliver va mettre tout le monde d’accord en leur proposant des œufs au plat !

Quelques chansons rock, folk et salsa distillées de-ci de-là viennent alléger le propos. Le clou en est la danse de la volcanique impératrice Cachaça, jouée par l’impayable Valérie Lesort. Grâce à son intercession, Gulliver va échapper à la mise à mort voulue par l’Empereur de Lilliput pour avoir refusé d’exterminer les habitants de l’île rivale. Son évasion va lui permettre de poursuivre ses voyages où il aura affaire cette fois à des géants. Mais n’anticipons pas sur une suite qu’on espère à venir.

Pour l’heure, le spectacle qui manque parfois de fluidité, fait en un peu plus d’une heure la joie des petits et des grands. Surtout des grands !

Gulliver, jusqu’au 4 janvier à l’Athénée, https://www.athenee-theatre.com/
Mise en scène : Valérie Lesort, Christian Hecq. Assistant à la mise en scène : Florimond Plantier. Création et réalisation des marionnettes : Carole Allemand, Fabienne Tourzi dit Terzi. Assistante à la réalisation des marionnettes : Louise Digard, Alexandra Leseur-Lecocq. Scénographie : Audrey Vuong. Costumes : Vanessa Sannino. Lumières : Pascal Laajili. Musique : Mich Ochowiak, Dominique Bataille. Accessoires : Sophie Coeffic, Juliette Nozières. Collaboration artistique : Sami Adjali. Création maquillage : Hugo Bardin
Avec Caroline Mounier, Valérie Lesort, Mathieu Perotto, Valérie Keruzoré, Renan Carteaux, Pauline Tricot, Nicolas Verdier, Éric Verdin
Tournée : Théâtre Saint Louis, Cholet, les 9 et 10 janvier 2024
Photo : Fabrice Robin

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de sa...

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