I Muvrini (Corse) au Festival Interceltique de Lorient - FIL 2023.

L’agriculture est à renouveler - celle des terres comme des âmes

I Muvrini (Corse) au Festival Interceltique de Lorient - FIL 2023.

Formé à l’origine du festival écossais "Blas" en 2016, pour célébrer le travail des femmes bardes, Sian réunit trois jeunes chanteuses gaéliques talentueuses d’aujourd’hui : Ceitlin Lilidh, Eilidh Cormack et Ellen MacDonald, accompagnées du multi-instrumentiste Innes White - guitare, chant.

Avec des liens directs entre les chanteuses de Lewis, Skye et North Uist, les arrangements allient la tradition à une harmonie lumineuse et inventive, les jeunes chanteuses, facétieuses autant qu’enjouées, installent sur la scène une ambiance chaleureuse et conviviale : amour de la musique.

Des chansons près de l’écoute de la nature plus forte que tout et de nous-mêmes - hommes et femmes - et de ses symboles inaliénables, un cadre existentiel d’un charme envoûtant dans une proximité poétique et sensible du monde à travers des voix aux sonorités claires et d’un bel envol.
Un joli choeur musical et vocal bien balancé et rythmé selon le désir des jours à cueillir sans fin.

Quant au mythique groupe corse I Muvrini, composé de quatre chanteurs et cinq musiciens, il offre, ce lundi 7 août, une soirée populaire et enthousiaste pour un public réjoui et connaisseur, complice et heureux du rendez-vous de cette belle mise en valeur des territoires et de la Terre.

Grâce à la musique et au chant et aux langues diverses, de Corse ou de Bretagne et d’autres pays par- delà les frontières risibles de France, qui embrassent tous les continents de notre planète : Afghanistan, Iran, Ukraine … par exemple aussi, pour ce qui est de la condition des femmes, qui à quatre heures du matin ici ou là, par-delà les époques, commencent à faire leur pain, inlassables.

La filiation de la « Terre-Source », est essentielle - Gaïa est la Reine-Mère d’où l’homme est né - la terre, celle de tous, que les interprètes ne cessent de relier à tous les êtres sur terre, où qu’ils soient, en train de vivre et de faire l’expérience de l’existence - une ode à la vie qui a une âme.

I Muvrini évoque ce fameux supplément d’âme, commençant par la question de l’agriculture à revoir, terme repris à nouveau en mettant en valeur, contre toute attente, « l’agriculture des âmes ». Tel serait l’avenir collectif et citoyen, ce à quoi aspire le poète, et avec lui, les hommes et femmes sur la terre, tendus par un même mouvement - motivation qui consiste à préserver et à aimer la planète, ses terres, ses mers, sa faune et sa flore et ses êtres appelés trop vite humains parfois. Un programme commun populaire fait des artistes sur la scène et du public dans la salle.

Le monde est habité par la diversité et la pluralité de nos cultures, et loin de l’art pour l’art, les artistes cultivent l’art pour la vie. Leur poétique à eux est celle de la colère qui s’additionne à l’action, à l’inventivité, à l’artiste concerné par l’état du monde. Et le protagoniste, maître de la scène, Jean-François Bernardini, cite une phrase de Mandela pour soutenir cette belle énergie de responsabilité commune : « Si je ne gagne pas, je ne perds pas pour autant, mais j’apprends. »

Ces chants corses frappent le coeur et parlent aux consciences. Un univers vocal, poétique et spirituel hérité de la polyphonie corse. Cette nouvelle création Più Forti invite à un voyage où se mêlent les échos de la polyphonie, du folk, du pop-rock et des sonorités du monde.

Et de conclure encore avec l’évocation d’une arme à défendre, non celle de destruction massive, mais d’instruction massive - jeux de mots malicieux et percutants qui font mouche à chaque fois. Les hommes doivent « muter » pour qu’ « en 2043 » - chanson en corse -, ce ne soit pas le chaos.

Pour cadeau à la Bretagne, à Lorient et au FIL 2023, un petit arbousier de Corse, signe des maquis et « gardien des sources », au pied du micro du chanteur, qui sera offert à un spectateur. Symbole d’un arbre corse qui grandira sur le sol breton - amitié et lutte collective pour la culture des peuples et l’agriculture des âmes.
En tout, le public ravi apprécie les voies polyphoniques typiques de I Muvrini, des injonctions à mieux vivre en responsable, et à ne pas perdre ce sentiment de honte - cette belle rougeur sur les joues - qui devrait caractériser l’être humain et qui paraît de moins en moins avoir voix au chapitre.

Avec violoncelle, guitares, basses, claviers, batterie, flûte irlandaise, biniou et uillean-pipe en terre universelle.

Sian (Ecosse) en première partie de spectacle, puis I Muvrini (Corse), au Festival Interceltique de Lorient (FIL 2023), le 7 août 2023 à L’Espace Jean-Pierre Pichard.

A propos de l'auteur
Véronique Hotte

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook