Demi-véronique, création collective de La vie brève

Sans paroles

Demi-véronique, création collective de La vie brève

Le metteur en scène Jeanne Candel met en œuvre toujours le même principe de création basé sur l’improvisation et sur des éléments souvent musicaux, dans tous les cas hétéroclites. Depuis Robert Plankett en 2010, elle n’a cessé de surprendre avec des spectacles d’une fantaisie débridée (Le Crocodile trompeur, Le Goût du faux et autres chansons).
Disons-le d’emblée, notre attente a été déçue par cette nouvelle création qui manque singulièrement de point de vue lisible. C’est bien l’écueil qui menace un spectacle qui boutique des propositions diverses issues d’improvisations censées dialoguer, en harmonie ou en opposition, avec la cinquième symphonie de Malher ; en filigrane Jeanne Candel a voulu évoquer la notion de métamorphose, l’idée de la mémoire des choses disparues, mais aussi, du silence en musique auquel fait écho, pour le metteur en scène, une référence énigmatique : le temps de suspens produit par la passe de tauromachie destinée à interrompre un mouvement et désignée sous le nom de demi-véronique.
Après un prologue un peu long mais assez drôle conduit par Lionel Dray, Monsieur Loyal et chef d’orchestre tout ensemble qui commente les entrées des spectateurs. Les bruitages (cling clong, vague de rires) les répétitions de phrases sur le même ton, les adresses au public rappellent le ton des facéties de Philippe Caubère. Ensuite, on assiste à une série de tableaux plus ou moins réussis qui parfois tire en longueur dans un bric-à-brac d’accessoires de toutes sortes dans le cadre d’un appartement calciné. Quelques numéros de cirque accomplis par trois acolytes bouffons, équilibre, lancer de couteau ; une histoire de poisson récalcitrant qui serait tiré d’une légende japonaise, un duel improbable, une femme vêtue d’un méchant kimono s’asperge d’eau contenue dans des boîtes en fer, comme pour éteindre l’incendie qui a grillé sa maison ; un combat contre la musique qui veut s’échapper des boîtes où elle est contenue. Et puis, au terme de cet enchaînement sans paroles, tout à coup la musique de Malher laisse la place à une lointaine mélodie orientale tandis que les acteurs croquent successivement à pleines dents dans une brioche qui finit par révéler une petite lumière intérieure. On ne perçoit pas tous les attendus de ce spectacle peut-être trop ambitieux dont les salves comiques amusent mais qui laisse perplexe avec un certain goût d’inachevé.

Demi-véronique, d’après la cinquième symphonie de Gustav Malher, une création collective de La vie brève. Avec Jeanne Candel, Caroline Darchen, LIOnel Dray. Scénographie, Lisa Navarro ; costumes, Pauline Kieffer. Au théâtre des Bouffes du nord jusqu’au 17 novembre 2018 à 20h30. Durée : 1h10. Résa : 0146 07 34 50.

© Jean-Louis Fernandez

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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