Adieu Ferdinand ! de Philippe Caubère

Adieu Ferdinand ! de Philippe Caubère

Philippe Caubère est à nouveau à l’Athénée à Paris, le théâtre qui accueille fidèlement ses créations depuis longtemps. Il y revient prendre congé de son alter ego, Ferdinand Faure, personnage créé en 1981 avec La Danse du diable dont on a pu voir la reprise en 2016, pari audacieux de se remettre dans les baskets du Ferdinand juvénile. Et une bonne idée car cela a permis de compléter la collection des spectacles filmés par Bernard Dartigues à laquelle manquait cet opus initial (sortie du DVD en décembre 2017). Caubère revient donc à l’Athénée pour prendre congé de Ferdinand dans un diptyque composite qui mêle des épisodes très hétéroclites. Dans le premier spectacle, Clémence, il est question d’une infidélité amoureuse faite à Clémence Massard sa compagne de l’époque et du camp de naturiste où Clémence l’a emmené pensant lui changer les idées après l’épreuve difficile du Lorenzaccio joué à Avignon et sa rupture avec le Théâtre du Soleil. Le second spectacle, Le Casino de Namur, pour le moment inachevé, est une plongée dans la campagne belge chez des cultivateurs de betterave, les parents de Jean-Marie, un compagnon du théâtre du Soleil. Ce dernier volet de l’histoire de Ferdinand ne paraît pas très nouveau, on soupçonne un recyclage de textes tant la matière littéraire est faite de bric et de broc. On y retrouve pourtant avec plaisir le grand Bruno ( aujourd’hui sociétaire de la Comédie-Française), toujours à côté de la plaque que Caubère bouscule tendrement. La première partie, Clémence, ne manque pas d’allant mais l’histoire du camp de naturiste de la seconde partie laisse perplexe avec ses plaisanteries graveleuses répétitives, cette étrange comparaison avec un camp nazi et surtout l’épisode est tissé de lieux communs et d’idées reçues que ne renierait pas Flaubert auquel Caubère se réfère pour parler de ses Trois contes. Mais le talent du comédien parvient à faire décoller le spectacle, malgré des tics de jeu qui pourraient faire système pour compenser le manque d’épaisseur du texte.

Plus encore dans le second spectacle pétri de préjugés sur les gens du Nord, sur leur rusticité et leur propension à la boisson. Même au second degré, ça reste lourd. Mais surtout Caubère tire à ligne, comme devenu l’ombre de lui-même ; il fait durer interminablement des scènes qui ne le méritent pas, comme celles où les parents maltraitent son copain, le brutalisent et l’humilient qui finissent par patiner. Et le spectacle de s’embourber définitivement ; même la séquence dans la voiture, si drôle dans La Danse du diable, ici manque de ressort. Du casino on ne fait qu’entendre parler, ce sera l’objet d’un prochain spectacle, Caubère nous abandonne sur le chemin provisoirement. Espérons qu’avec cet opus à venir, il retrouvera toute sa verve pour un ultime adieu à Ferdinand. Ce serait dommage de faire une mauvaise sortie de route après nous avoir enchantés des années durant avec les péripéties de sa vie rêvée dans des spectacles à nul autre pareil, éclatants de drôlerie et de tendresse, interprétés avec un talent d’acteur et de mime souvent époustouflant.

Adieu Ferdinand ! de et par Philippe Caubère. Deux spectacles en alternance : Clémence et Le Casino de Namur. Au théâtre de l’Athénée jusqu’au 14 janvier 2018 à 20h. Résa : 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com

Photographie : wordpress.com

Tournée
2-3 mars salle Gérard Philipe, Bonneuil-sur-Marne
6-7 mars, maison de la culture de Nevers
16-17 mars, Théâtre de l’Archipel, Perpignan
21-22 mars, Théâtre Jean Vilar Suresnes
20-21 avril, Théâtre Liberté, Toulon

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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