Speakeasy par The Pat Rack

Hommage circassien au film noir

Speakeasy par The Pat Rack

On ne « speak » pas nécessairement « aisy » quand on s’exprime sans un mot. C’est le cas des circassiens réunis sous le nom de la compagnie The Pat Rack qui n’en a pas moins appelé son spectacle Speakeasy. Oui, pas de langage verbal. On est plutôt dans le déhanchement, le saut périlleux et la cascade. Cette jeune troupe a choisi de nous raconter, sans un dialogue, une histoire qui, dans la référence parodique et admirative, nous ramène aux temps du film noir américain. Alors pourquoi ce titre ? « Speakaisy » désignait les bars où l’alccol coulait à flots dans le dos des flics de la prohibition. Nous sommes dans l’un de ces troquets : fauteuils cuir sans trucages mais comptoir où l’on peut cacher des bouteilles, des dollars et des truands, mât chinois pour passer ses démangeaisons musculaires, filin de métal pour desendre en diagonale du plafond et quelques autres aménagements pour que la soirée soit bagarreuse et érotisée. Une femme entre et fait des acrobaties ébouissantes. Une autre débarque et fait des numéros de cerceau renversants. Leurs jaloux protecteurs amplifient la rivalité entre les femmes. Les flingues sortent des poches et, quand on commence une querelle, on ne sait pas où elle va et comment elle va s’arrêter. Il y aura quand même une fin, un dénouement à ces empoignades mais c’est inutile, car on ne sait plus qui est qui, ni pour qui chacun castagne. Le plaisir est dans cette folie en mouvement, qui retrouve la furie du roman noir et aussi du western et du dessin animé.
C’est plus un rêve circassien qu’un scénario structuré. Ce qui est structuré, ce sont les numéros de chaque artiste, d’un grand talent physique, doublé d’une présence de comédien. Ann-Katrin Jornot, étonnante acrobate sans garde-fou, domine le lot mais Clara Huet, dans le rôle de sa rivale en diablesse sexy, a une allure et une technique folles. Habillés chic mais néanmoins saisis dans un ouragan qui les propulse dans les cahots de la vie de saloon, Andrea Catozzi, Guillaume Juncar, Vincent Maggioni et Xavier Lavabre, ont du répondant à chaque incident qu’ils traitent comme un tour de force circassien et un gag d’esprit slapstick. Tous jeunes, ils ont déjà la grande classe. La musique trip hop des Chinese Man ne gâte rien. Ce n’est pas du cirque de contrebande, c’est du premier choix.

Speakeasy, un spectacle de la compagnie The Rat Pack mis en scène par Régis Truchy.
Avec
Clara Huet, danseuse aérienne, comédienne.
Ann-Katrin Jornot, acrobate voltigeuse, équilibriste.
Andrea Catozzi, acrobate, comédien, danseur.
Guillaume Juncar, roue Cyr, acrobate.
Xavier Lavabre, acrobate porteur.
Vincent Maggioni, Mât chinois, acrobate.
Accompagnés par :
Régis Truchy, coordinateur artistique, regard chorégraphique sur une musique de Chinese Man, arrangé par supa Jay des scrach Bandit crew. Thomas Ferraguti, regard acrobatique. Elsa Revol, création lumière. Claire Jouë Pastré, scénographe. Nadia Léon, créatrice costume.

Palais des glaces, 20 h, tél. : 01 48 03 111 36, jusqu’au 1er septembre. (Durée : 1 h 10).

Photo Christophe Raynaud de Lage.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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