Du 18 au 29 mars 2024 au Théâtre Dunois - Scène pour la jeunesse.

Un Conte d’automne par Julien Fisera (Cie Espace commun).

Un conte d’apprentissage sur la rencontre avec l’Autre.

Un Conte d'automne par Julien Fisera (Cie Espace commun).

Un conte d’automne de Julien Fisera pourrait être un mini-conte d’apprentissage, s’articulant autour de la rencontre ; la pièce s’achève par la naissance d’une amitié, et chez l’héroïne, le sentiment d’être enfin utile. La rencontre est fortuite par nature et par excellence : elle provoque un décentrement de soi, un regard autre, souvent critique sur notre propre rapport au monde.

Prune, la fillette, inspirée par le personnage de Totoche de Catharina Valckx, a une dizaine d’années ; les deux ont une même curiosité : la nécessité de bien faire et d’anticiper les besoins des autres. L’éducation des enfants repose traditionnellement sur cette injonction. Prune a intériorisé cette consigne et ce savoir-être inculqué par sa famille, mais elle ne sait comment l’appliquer. Agile, Prune est parfois maladroite dans sa relation à Maggi.

La très jeune fille est sur la route, tournant le dos à sa famille, quittant le foyer. A l’orée de la forêt, elle fait la connaissance de Maggi, une figure marginale qui a posé sa tente en périphérie de la ville. La fillette est comparable à la feuille d’automne qui se détache de sa branche en tournoyant lentement, portée par le souffle du vent et les courants d’air.

L’aînée apporte à la cadette une autre vision de la vie, un autre regard posé sur l’existence, lui accordant conscience, confiance et assurance face au monde, plus rassérénée. Comment rencontrer une personne qui a plus d’expérience ? La relation nouvelle devient peu à peu un lien affectif, une entente, un accord, une complicité.

Humour et légèreté, joie de vivre, élan pétillant, énergie à revendre, Prune ne manque pas d’aplomb, ni d’ardeur, ni de vigueur, face à une vie qu’elle ressent comme une chance et un cadeau. Pull aux couleurs vives, bonnet contre le froid et collants prune, Myriam Fichter dans le rôle principal est sémillante et fringante, comme déjà libérée, dégagée de tout souci qui fasse poids, frétillante et guillerette, enfin fillette décidée avec son quant-à-soi. Elle marche, s’ébat sur la scène qu’elle arpente, marionnette vivante qui s’auto-manipule.

Comment gérer ses sentiments - sensations de honte ou d’avoir mal fait ? Prune improvise, curieuse de celle qui a plus d’expérience et qu’elle côtoie : « Ce que je veux c’est une vie libre et que tout se réinvente toujours. Que derrière la porte ce soit toujours l’infini », explique la petite à la grande, qui lui avoue être dans ce même désir, mais en plus grave. Et enfin, mettre à distance l’ennui, cette monotonie triste qui semble être pour la junior l’ennemi majeur.

Les structures de tentes que l’on voit s’épanouir depuis nombre d’années dans la périphérie des villes et qui gagnent aujourd’hui le centre-ville - sous les ponts, dans les impasses et passages, sur les abords herbeux du périphérique, investissent l’espace scénique de François Gauthier-Lafaye aux couleurs enjouées, quand la nuit est noire. L’écran vidéo du lointain de Jérémie Scheidler laisse entrevoir l’ombre des arbres hauts - cris de chouette et de tourterelles, non loin de la tente de la Major qui nourrit les oiseaux.

Petites lumières fluorescentes et de couleur, jeu entre ambiance nocturne et éclairage pour un joli théâtre d’ombre, avec une moustiquaire sur la tente plus imposante de Maggi, décorée de fils de laine colorés car celle-ci tricote, coud, crochète. La tente de Prune est plus légère, mais contient un réveil, une gourde d’eau, une couverture dans sa carriole ; quant au tissage de matières naturelles, la fillette lui préfère les mots - l’échange verbal.

Les deux interprètes écrivent sur le plateau leur propre partition dansée, une chorégraphie pleine d’allégresse et étayée d’une chanson enthousiaste de Maggi, familière aux plus jeunes. Myriam Fichter et Xaverine Lefebvre ou Eléonore Alpi sont de belles artistes engagées dans l’aventure enfantine des belles histoires, se donnant corps et âme, ne se ménageant pas.

Un conte plein de fraîcheur à la douceur acidulée, prônant l’ensoleillement contre l’amertume.

Un Conte d’automne, Inspiré de l’univers de Catharina Valckx, texte et mise en scène Julien Fišera. Avec Myriam Fichter et Xaverine Lefebvre ou Eléonore Alpi. Dès 6 ans. Espace François Gauthier-Lafaye, création lumières Kelig Le Bars, création vidéo Jérémie Scheidler, costumes Clémence Delille, musique Anthony Laguerre, collaboration artistique Nicolas Barry, collaboration aux mouvements Thierry Thieû Niang, Du 18 mars au 7 avril 2024 au Théâtre Dunois - Scène pour la jeunesse, 7 rue Louise Weiss 75013 - .www.theatredunois.org Du 3 au 7 avril 2024 au TDV - Théâtre Sarah Bernhard Place du Châtelet 75004 -Paris. Du 23 au 24 avril 2024 à l’Espace culturel Boris Vian, aux Ulis (Essonne).
Crédit photo :Simon Gosselin.

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Véronique Hotte

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