Paris, Théâtre du Marais
Ultime Dialogue de Charles André
Mise en scène monacale
Comme toutes le expressions dramatiques, le théâtre chrétien a sa place dans le répertoire et dans le mouvement moderne de la création. Mais l’on préfère qu’il ne soit pas trop prêchi-prêcha. C’est malheureusement le cas du texte de Charles André, Ultime dialogue, qu’on ne saurait placer sur le même rayon que le théâtre de Claudel ou de Bernanos. Son histoire est cousue de fil blanc : un journaliste qui ne croit plus en Dieu vient revoir dans un couvent un vieux camarade de classe devenu moine. Le baroudeur est atteint d’un cancer. Peut-on rester athée quand la mort arrive ? La pièce s’attache à décrire la transformation du personnage agnostique sous l’effet de la discussion avec l’homme d’Eglise. Mais elle pèche par l’abus de propos de l’auteur qui n’arrête pas de confier ce qu’il pense du monde moderne (une abomination, notre liberté individualiste ! ) et confond la prise de parole avec l’écriture d’une parole.
On ne saurait nier que le public chrétien s’intéresse à cette soirée, puisque Ultime dialogue, créé il y a deux ans, ne cesse de tourner en France et voit sa période de représentations à Paris prolongée. C’est pourtant bien lénifiant, malgré la mise en scène monacale (c’est-à-dire dépouillée à l’extrême) d’Alexandra Royan. On retrouve néanmoins avec plaisir les deux interprètes : Michel Chalmeau campe un moine robuste et habité avec une jubilation toute intérieure. Michel Le Royer donne beaucoup d’épaisseur à un personnage pourtant très conventionnel ; on admire qu’il communique tant de vérité à cette vision sommaire d’un journaliste plein de péchés, grisé par la folie de son métier et par les femmes !
Ultime Dialogue de Charles André, mise en scène d’Alexandra Royan, lumières de Jacques Rouveyrollis, décor de Thierry Good, musique de Davide Liuni, avec Michel Chalmeau, Michel Le Royer. Théâtre du Marais, 19 h, tél. : 01 45 44 88 42, jusqu’au 26 avril. (Durée : 1 h 15).