Paris – Théâtre des Champs Elysées du 30 juin au 6 juillet

Semele de Georg Friedrich Haendel

Vertige amoureux au centre de l’Olympe

Semele de Georg Friedrich Haendel

La clôture de saison du Théâtre des Champs Elysées clôt également le mandat de son directeur Dominique Meyer qui s’en va en Autriche prendre les rênes de l’Opéra de Vienne. La musique baroque fut l’une des lignes force de sa direction, et c’est l’une de ses plus belles réussites de ce répertoire qu’il remet à l’affiche en guise de salut.

A sa création en 2004 il fut écrit : « C’est le plus beau spectacle d’opéra vu depuis longtemps. Un enchantement de trois heures et quarante minutes qui passent comme un soupir. Le quarante troisième et dernier chef d’œuvre lyrique du très prolifique Allemand de Londres vient de connaître une souriante apothéose au Théâtre des Champs Elysées ».

Mi-opéra, mi-oratorio cette Semele quasi testamentaire de Haendel est pourtant jonchée d’embûches, tant par sa durée, ses longues plages d’immobilité, ses arias virtuoses, ses ruptures de ton entre comédie et tragédie et ses allers-retours entre ciel et terre. L’intrigue, que le poète William Congreve tira des Métamorphoses d’Ovide, navigue en effet entre deux mondes. Semele, la fille du Roi Cadmus est promise à Athamas mais c’est de Jupiter roi de l’Olympe qu’elle est éprise tandis que sa sœur Ino se morfond d’amour pour cet Athamas que son père a destiné à une autre. Jupiter quant à lui, flatté par les sentiments que lui porte une ravissante mortelle, l’enlève et la pose dans son lit céleste. La divine idylle serait parfaite sans la jalousie féroce de Junon qui invente mille tours de magie et de passe passe pour faire basculer la romance. Semele qui aspirait à l’immortalité paiera de sa vie sa folle ambition, mais de son éphémère union avec Jupiter naîtra un phénix annonciateur de plaisir : Bacchus.

Brumes, aurores, orages et pluies d’étoiles

Pour cette version nouvelle, Christophe Rousset et ses Talens Lyriques remplacent Minkowski et ses Musiciens du Louvre Grenoble. La mise en scène reste signée David McVicar qui, pour injecter à ce très long spectacle une bonne dose d’adrénaline, a eu l’intelligence de concevoir un décor unique, transformable sans temps mort, un espace circulaire qui bascule en pente douce selon les lieux qu’il détermine. Surmonté d’une mezzanine en demi-cercle où s’installent les chœurs jouant tour à tour les garçons d’honneur, les prêtres ou les demi-dieuxx. Ces choristes non seulement donnent de la voix, ils se prêtent à un étrange et captivant ballet de mains, rythmant à la façon des musicals américains les tempos haendéliens. Quelques accessoires minimalistes font naître des brumes, des aurores, des orages, des pluies d’étoiles dans des lumières chimériques.

A l’exception du ténor américain Richard Croft, Jupiter, de grâce, de chaleur et d’humanité qui fut déjà le dieu incontesté de la production, la nouvelle distribution féminine confie à la délicieuse Danielle de Niese le rôle titre de Semele, à Vivica Genaux ceux de Junon et d’Ino, Jaël Azzeratti celui d’Iris. Côté hommes Peter Rose sera Cadmus et Somnus et Stephen Wallace, Athamas.

On retrouvera également un personnage qui passe généralement à la trappe : Cupidon, dieu manipulateur de l’amour, déguisé en page armé d’une canne blanche car l’amour, comme chacun sait, est aveugle. C’est la soprano maltaise Claire Debono qui lui prêtera sa gouaille et son humour.

Semele de Georg Friedrich Haendel, livret de William Congreve d’après Les Métamorphoses d’Ovide. Orchestre des Talens Lyriques et chœur du Théâtre des Champs Elysées, direction Christophe Rousset. Mise en scène David McVicar. Décors Tanya McCallin, costumes Brigitte Reiffenstuel, lumière Paule Constable, chorégraphie Andrew George ; Avec Danielle de Niese, Richard Croft, Peter Rose, Vivica Genaux, Jaël Azzaretti, Stephen Wallace, Claire Debono.

Théâtre des Champs Elysées, les 30 juin, 2 & 6 juillet à 19h30, le 4 juillet à 17h.

01 49 52 50 50 – www.theatrechampselysees.fr

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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