Marseille, Théâtre NoNo
Oh les beaux jours de Samuel Beckett
Une nouvelle Winnie
Très belle vision de Beckett à Marseille, sur laquelle nous reviendrons certainement, puisque Serge Noyelle et Marion Coutris ont conçu un diptyque, dont on ne peut voir que la première partie, Oh les beaux jours, et dont on verra le second volet à la rentrée, En attendant Godot. Pour le moment, on en est à Oh les beaux jours, pièce dont il est extrêmement difficile de renouveler l’image, tant les didascalies sont contraignantes et tant l’action est une non-action, d’une parfaite immobilité. Le duo Coutris-Noyelle y parvient pourtant, et pas seulement parce que les spectateurs sont assis dans des transats (dangereux confort ! )
Le fameux mamelon où est enserrée Winnie est un dôme de drap crème, autour duquel sont posées quelques cuves du même coloris. Le ciel est rouge, d’abord. Et Winnie se détache, dans une combinaison, un déshabillé bleu pâle. C’est surtout avec l’interprétation de Marion Coutris, en Winnie, que tout change. La plupart des interprètes, souvent magnifiques, de la créatrice, Madeleine Renaud, à Denise Gence, Catherine Samie et Catherine Frot, ont dit le texte comme s’il les traversait, dans une sorte de naïveté émerveillée, dans une inconscience heureuse. Marion Coutris ne se contente pas de faire passer les candides « Oh ! le beau jour que cela a été ! » Elle est, au contraire des actrices qui l’ont précédée, une femme lucide, énergique, vive et vivante. Du coup, on entend tout le texte, son déploiement de souvenirs et d’émotions, son vibrato tout entier. Cela devient un chant combatif, un extraordinaire moment de clarté alors qu’on était resté dans l’obscurité du cerveau. Merveilleux.
Oh les beaux jours de Samuel Beckett, mise en scène de Serge Noyelle et Marion Coutris, scénographie et lumière de Serge Noyelle, avec Marion Coutris et Noël Vergès. Théâtre NoNo, Marseille, tél. : 04 91 75 64 59, jusqu’au 8 juin, mardi, jeudi, vendredi, samedi à 21h, dimanche à 17h.