Le Festival de caves fête ses dix ans

Unité de lieu et diversité artistique

Le Festival de caves fête ses dix ans

32 spectacles qui investissent les caves de 80 communes, telle se résume en chiffres la nouvelle édition de ce Festival, lequel pour fêter ses dix ans édite un livre souvenirs qui relate en photos les principaux spectacles qui ont fait sa renommée et propose à la Chapelle du Scénacle à Besançon, son lieu d’origine, une exposition des rencontres de ce Festival singulier qui fait de la cave, son espace, ses contraintes, voire son inconfort, l’alpha et l’oméga de sa programmation.

Imaginée sans autre stratégie que d’organiser autrement et sur le mode intime, la rencontre entre artistes et spectateurs, la manifestation, pilotée par la troupe bisontine Mala Noche, est devenue au fil des ans un vaste réseau de sous-sol où se féconde l’imaginaire créateur et résonnent toutes les humeurs du temps.

Peut-être parce que célébrer son dixième anniversaire le rend nostalgique des émois qui ont présidé à sa naissance, le Festival met à l’affiche de l’édition 2016 quelques reprises et parmi celles-ci le spectacle qui servit d’étincelle : Le journal de Klemperer , monologue adapté du journal que ce philosophe allemand a tenu pendant toute la période nazie et qui dut à un bombardement d’échapper à la déportation. Autre reprise emblématique, Toussaint , spectacle conçu et réalisé par Guillaume Dujardin et Anaïs Mazan qui, sous forme d’enquête, brosse un portrait contrasté de cet héritier noir des Lumières que fut Toussaint Louverture. A signaler encore au chapitre des reprises Caprices inspiré de l’œuvre du peintre Goya. Avant le portraitiste officiel de la noblesse espagnole, le spectacle écrit par José Devron et mis en scène par Guillaume Dujardin, s’intéresse au graveur qui croque d’un trait férocement satirique la bêtise et la folie des hommes

Au chapitre des créations, on y entendra des auteurs à la plume bien trempée, de Falk Richter ( Je sens qu’il neige en moi) à Angelica Lidell ( Les Poissons partirent combattre les hommes) en passant par Ernst Junger (Orages d’acier), Roland Fichet ( La chute de l’ange rebelle), Marguerite Duras (L’Amante anglaise). Comme d’habitude, les jeunes équipes côtoieront des metteurs en scène confirmés, et parmi ceux-ci Gilles Bouillon avec Pour saluer Melville d’après l’œuvre de Giono et François Rancillac qui, toujours attentif aux écritures d’aujourd’hui, propose Garden Scene de Lucie Depauw, écrivaine réalisatrice qui dans cette pièce évoque la mystérieuse disparition, dans le train Dijon-Paris le 16 septembre 1890, de Louis Augustin Le Prince, qui réalisa en 1888, sept ans avant les frères Lumières, le premier film de l’Histoire du cinéma : Rounday Garden scene . Plus que l’ingénieur chimiste précurseur, c’est de l’attente incessante de sa femme et sa défense farouche de son œuvre dont il question dans cette pièce laquelle est, selon François Rancillac, « une histoire d’amour. Celui d’une femme pour un disparu qui la hante jusque dans sa chair et ses rêves et celui d’une jeune femme pour le cinéma qui sait à l’infini redonner vie aux fantômes fixés sur la pellicule. »

« je n’écris pas à la place de la vie. Et pas non plus depuis la place du mort. J’écris en écho à la souveraineté de certains instants vitaux, pour combler le manque où ils m’ont laissée, pour perpétuer leur intensité » écrit la romancière Gwenaëlle Aubry à propos Perséphone 2014 , ouvrage dans lequel elle revisite le mythe grec de la jeune fille enlevée par le dieu des enfers pour parler de celle qu’elle fut et que, pour le Festival des caves, Anne Montfort met en scène à la façon d’un oratorio traversé des musiques d’Henry Purcell, David Bowie, Lou Reed……

Ainsi à partir de la gageure que représente l’unité de lieu qu’est la cave, le Festival ne cesse de répondre par le foisonnement de propositions et la diversité des approches et des esthétiques, à voir à Besançon et hors les frontières de la Franche-Comté.

Les Festival des Caves du 30 avril au 30 juin Besançon tel 03 63 35 71 04
Festivaldecaves2@gmail.com

Photos Ce quelque chose qui est là ©DR, Caprices ©DR

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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