Théo Théâtre (Paris)

La Mécanique de l’autruche

Le futur version Viallon

La Mécanique de l'autruche

Jacky Viallon, notre ami et complice, non content de mener une double vie comme dramaturge et comme critique dans l’équipe du Journal des Spectacles, est-il aussi un visionnaire ? Les auteurs le sont souvent. A force de rêver au présent, ils collent au futur. Ainsi, contrairement à ce que peut laisser supposer son titre facétieux, La Mécanique de l’autruche n’est pas une pièce animalière, c’est une pièce engagée, drôle, visionnaire. L’auteur aime nous promener pour nous égarer dans un labyrinthe poétique. Cela commence comme une visite de musée. Le guide officiel, jaquette à boutons dorés et galons culturels, nous explique doctement que nous visitons le musée érigé sur les débris du XX° siècle. Il s’agit d’un lieu emblématique de ce siècle défunt : un théâtre. Nos aïeux se déplaçaient dans ces lieux désuets pour voir des spectacles. D’ailleurs le gouvernement, dans un souci de conservation du patrimoine, a nommé d’office une troupe de comédiens pour jouer une fois la pièce annuelle. L’auteur organise alors son propos comme un système de poupées russes : les comédiens interprètent des comédiens qui jouent à jouer des personnages vivant dans un monde totalitaire. Dans cet univers de bleu azur, lorsqu’on regarde par la fenêtre ce n’est pas pour compter les nuages mais les corps qui tombent. Surtout, ne pas avoir l’air de les voir. Ce sont des suicidés poussés par des pousseurs, des pousseurs d’âme.

Un texte mêlant humour noir et envolées poétiques

Jacky Viallon brouille gaiement les pistes mais affirme et réclame ses inspirateurs : Brecht, Obaldia, Ionesco. Viallon jongle avec les mots, les paradoxes et les paraboles. Il énonce des vérités premières comme des mises en garde quotidiennes. Il faut toujours laisser sur le portemanteau une place pour le revolver !
La pièce, écrite en 1997, a de terribles échos contemporains sur la condition de l’artiste dans notre société. Le texte mêlant humour noir et envolées poétiques a séduit Jean-Christophe Montefiore qui réalise une mise en scène futée, mettant en abîme une multitude complexe de talents, éclairant ce texte singulier, approuvé par l’auteur. Le compliment n’est pas mince. Puisse-t-il vous encourager à sortir des sentiers battus pour aller faire un tour au Théo Théâtre, dans ce futur original et métaphorique.

La Mécanique de l’autruche, de Jacky Viallon. Mise en scène : Jean-Philippe Montefiore. Avec : Jean-Christophe Allais, Florence Fouéré, Jean-Philippe Montefiore, Grégoire Soustiel. Du mercredi au samedi à 20 h. Théo Théâtre (Paris 15e). Tél. : 01 45 54 00 16.

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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