Fiammiferi

La petite, ses allumettes, sa misère

Fiammiferi

Presque tout le monde connaît « La petite fille aux allumettes » d’Andersen. Ce conte misérabiliste connaît ici une version neuve, sans paroles, dans une société où s’opposent monde du progrès technique et banlieues paupérisées. Images et musique parlent en actions.

L’histoire initiale date de 1845. Elle raconte la misère du petit peuple qui meurt de faim. Elle récupère un peu le drame en laissant entendre que la gamine, qui meurt dans le froid parce que personne n’a acheté ses allumettes un soir de réveillon de Noël, retrouve au paradis sa grand-mère adorée récemment décédée.

La Cie des Six Faux Nez a voulu transposer cette histoire dans un univers plus actuel. Comme la pratique de cette troupe est itinérante, elle a imaginé transformer une petite caravane de vacances en une sorte de livre d’images pop up. Ce lieu nomade se métamorphose devant le public entre musique instrumentale et chansons.

Un mime présente la caravane. Il donne le signal qui déclenche, sur le toit l’apparition en 3D métallisée d’une ville en préparation de Noël. S’installent des éléments qui situent bien l’action : sapins, guirlandes, flocons de neige… Un avion décolle et file vers l’horizon. Tout ici semble moderne, nouveau, rutilant.

C’est le premier intérêt de cette adaptation. Les spectateurs vont de surprise en surprise. Trois comédiens-manipulateurs-musiciens jouent, dansent et chantent tout en actionnant de nombreuses trouvailles mécaniques qui agrémentent le décor de détails. Ils s’accumulent. Ils étonnent.

Lorsque tout sera déplié, le monde apparaîtra divisé en deux. Côté jardin : une masure isolée aux tôles rouillées ; côté cour : la mégalopole d’acier éclatant où s’entassent les citadins dans le tohubohu d’une modernité programmée.

L’atmosphère change lorsque paraît une poupée en chiffons de la taille d’une gamine. Ici naît la magie de la marionnette qui prend vie. Même si son visage ne montre aucune expression particulière, ce sont les gestes, les mouvements que lui insuffle son marionnettiste qui transmettent corporellement des émotions telles qu’on la croirait vivante. Tout le spectacle est là, captivant, bien que le conte soit connu. Cet échange entre le trio adulte et l’enfant montre une telle connivence entre eux que plus rien d’autre ne compte.

La fin est inévitable. Elle nous laisse sur une image finale : la fillette morte dans la neige, les tonnes de déchets de la société de consommation se déversent sur elle tandis que la grand-ville poursuit inexorablement son règne de production.

Avignon Off 2022 Alya (La Cour) 07>28/07/2022 15h30
Dès 8 ans
Durée : 40’

Acteurs, musiciens : Benoit Creteur, Barbara Moreau, Vincent Verbeeck
Réalisation : Micheline Vandepoel
Dramaturgie/écriture : Création collective d’après « La petite fille aux allumettes » d’Andersen
Écriture musicale : VincentVerbeeck
Scénographie : Benoit Creteur
Création de marionnettes : Barbara Moreau
Production : Cie des Six Faux Nez

Comparer  : version d’Olivier Meyrou : https://webtheatre.fr/La-Petite-fille-aux-allumettes-d

Soutien : Fédération Wallonie Bruxelles, secteur des arts du cirque et de la rue, Cellule culture et enseignement, Région Wallonne, aide à l’emploi.
Coproduction : Festival Namur en mai, Centre culturel Wolubilis, Allumette
Résidence : L’Allumette, CAR, Centre culturel Wolubilis
Soutien diffusion internationale : AWEX, WBI

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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