Turin, Teatro a Corte

Le festival de la nouveauté et du « ristretto »

 Turin, Teatro a Corte

Teatro a Corte : théâtre à la cour. Contrairement à ce que pourrait indiquer son titre, le festival de Turin, diligenté par la fondation Teatro Piemonte Europa, n’est pas une succession de représentations classiques dans des châteaux. Pourtant Turin et sa région ne manquent pas de châteaux et de demeures somptueuses. C’est bien dans ces palais qu’ont lieu les représentations du festival, mais jamais dans un esprit passéiste. C’est le plus souvent l’explosion de la modernité dans des demeures arrachées à leur histoire – celle de la famille du Piémont-Savoie - et confrontées à l’évolution des formes. Directeur de la Fondation et du festival, Beppe Navello maintient le cap de son entreprise, malgré la baisse des subsides qui se chiffre à moins vingt pour cent environ. « Face à la diminution progressive des subventions, Teatro a Corte réagit avec la volonté de ne pas revenir sur ses pas, de ne pas reculer des positions d’excellence et de qualité conquises au prix d’un long travail avec les centres les plus importants du théâtre vivant en Europe, déclare-t-il. Nous poursuivons les axes d’action avec lesquels nous nous sommes affirmés : le métissage des formes, la création in situ, la confrontation des artistes avec le patrimoine des demeures royales autour de Turin, le soutien des jeunes artistes et la rencontre des peuples, des langues et des cultures les plus éloignés d’Europe ».

Le travail « in situ » est l’un des points forts de l’aventure. Des créateurs sont invités à créer sur place, dans l’un des lieux historiques, à travailler avec ce lieu en inventant parfois un nouveau rapport. Cet été, parmi les artistes invités à imaginer leur spectacle sur place, figurait le Français Yoann Bourgeois qui a travaillé avec succès sur l’instabilité et la chute en s’accompagnant de fugues de Bach. Il a été, avec Bianca Li qui a ouvert la manifestation avec Electro Kif, le jongleur Jérôme Thomas et David Bobée applaudi pour son spectacle du CNAC, l’un des Français les plus repérés… Mais le pays sur lequel était braqué le « focus » était la Grande-Bretagne, présente avec des artistes rebelles ou délirants, tels Tim Rushton (qui dirige brillamment le Ballet du Danemark), M and The Machine, DV8… Bien d’autres pays ont été représentés, jusqu’à Israël.

Pour notre part, parmi ce que nous avons pu voir, la palme pour le théâtre serait allée au spectacle italien de José Caldas et Gianni Bissaca, Les Intermittences de la mort, excellente transposition du roman de José Saramago. Pour le cirque, on saluera les étourdissants belgo-italiens de la compagnie Ciconcentrique. Parmi les performeurs, on retiendra les Anglais du Gandini Juggling pour leur hommage burlesque à Pina Bausch (Smash), la Française Chloé Moglia qui fait avec son corps et un tableau noir un éblouissant exposé sur le risque et les danseurs insolites du Balletto de l’Esperia. Cette manifestation Teatro a Corte devrait faire réfléchir les autres festivals européens. Ici, pas de longues soirées, mais des événements brefs et fascinants. Comme le café italien, tout est « ristretto » – et succulent.

Teatro a Corte Cavallerizza Reale via Verdi 9, Torino (Italia), +39 011 883 865, du 6 au 27/07.

Photo Blandine Soulage

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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