Thélonius et Lola de Serge Kribus
Le chien chantant et la fillette indocile
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- 11 novembre 2013
- Critiques
- Jeune Public
- Théâtre
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Un jour, la petite Lola ne rend pas visite à sa tante, comme elle l’avait promis, mais se promène dans la ville, indocile, en toute liberté. Elle rencontre un chien qui parle chien, mais ils se comprennent. Ce chien s’appelle Thélonius et écrit des chansons. Il serait même assez bien vu dans le show-biz. A moins qu’il n’affabule un peu. Entre la fillette de onze ans et le chien, la connivence est immédiate et grandit. Mais, très vite, l’attitude de Thélonius change. Il ne peut dissimuler son inquiétude. Une loi, qui interdit la présence de chiens sans collier (et il n’en a pas), rend obligatoire l’expulsion de ces parias. Thélonius cherche à se cacher. Mais il lui faudra fuir. Lola pourra-t-elle continuer à voir son ami ?
Serge Kribus a sa place dans le théâtre contemporain avec des pièces comme Arloc ou Le Grand Retour de Boris S. qui ont été jouées avec succès en France et ailleurs. Cette fois, il s’adresse aux enfants (à partir de 7 ans – de « 7 dents », dit le flyer !) et écrit là une nouvelle fable sur notre histoire et sur l’ère contemporaine sans cesse traversées par l’injustice, la ségrégation et l’intolérance. Ces chiens qu’on pourchasse et qu’on reconduit à la frontière, comment ne pas les reconnaître dans les chapitres les plus terribles du XXe siècle et aussi dans l’actualité que nous sommes en train de vivre ? L’art de Kribus, c’est de donner sa propre transcription, inquiète, follement angoissée, de son sentiment sur le monde avec une belle fantaisie. Il est charmant, son chien – et il le joue lui-même, avec des gestes très comiques, jamais chargés, toujours délicats. Elle est attachante, cette petite fille, interprétée par Diane Calma dans la vivacité des gestes et de l’émotion. Ce conte musical n’est jamais pesant. Il incite à la réflexion dans sa poésie.
Les deux interprètes ont signé la mise en scène ensemble et ajouté à leur parfait accord d’acteurs la pulsion de la musique. Ils chantent eux-mêmes, et les musiciens, Garry Nayah et Philippe Lambrechts, disent quelques mots mais surtout ont conçu et jouent des airs qui enveloppent l’action d’une atmosphère mi-enjouée mi-grave. Ainsi s’égrènent un plaisir et une fiction vraie dont l’enfance, sans conteste, pourra faire son profit.
Thélonius et Lola de Serge Kribus, composition musicale de Garry Nayah, arrangements de Philippe Lambrechts, mise en scène et interprétation de Diane Calma et Serge Kribus, lumières de Serge Kribus, scénographie de Thierry Deroche, costumes de Ghislaine Ducerf et Aude Desigaux, avec également Philippe Lambrechts (clarinette, clarinette basse, saxophone) et Garry Nayah (guitare).
Lucernaire, mercredi et samedi 15 h, tél. : 01 45 44 57 34, jusqu’au 30 novembre. (Durée : 1 h).