Anvers - Vlaamse Opera – Opéra des Flandres
TOSCA de Giacomo Puccini
Puccini en théâtre musical, version ciné polar
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- 11 novembre 2013
- Critiques
- Opéra & Classique
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« Version semi-scénique » annoncent (en petits caractères) l’affiche et le programme de la nouvelle production du mélodrame politique de Giacomo Puccini à l’Opéra de Flandre/Vlaamse Opera.
On connaissait les versions de concert –orchestre sur scène, chanteurs se levant au gré de leurs interventions -, et les versions de concert dites « mises en espace » où les ils ne restent plus statiques face au public mais amorcent le jeu de leurs rôles. A Anvers, la mise en scène respecte les conventions, l’action se déroule sur scène, l’orchestre reste dans la fosse. L’appellation « semi-scénique » relève dès lors davantage d’un principe d’économie.
Les divers décors du drame se contentent d’être suggérés. Un écran géant sur et derrière lequel se profilent ici et là quelques ombres chinoises, un assortiment de chaises, un escabeau, une table, un banc remplacent la nef de l’église Sant’Andrea della Valle, le palais Farnese, son bureau et ses cachots et la terrasse du Castel Santangelo où le peintre Mario Cavaradossi, amant de Tosca, finit fusillé et d’où elle se jette dans le vide.
L’austérité visuelle a l’avantage de ne pas détourner l’œuvre de son sens. Frans Willem de Haas, metteur en scène formé notamment par Robert Carsen dont il fut souvent l’assistant – a simplement fait glisser l’intrigue de l’Italie des années 1800 à celle des années 1930-40, le temps mussolinien et d’un certain cinéma en noir et blanc. Le programme regorge de photos où défilent tous les héros du ciné polar. de Bette Davis à Jean Gabin en passant par Marlène Dietrich ou Lino Ventura. Puccini n’est pas trahi et sa Tosca créée en janvier 1900 reste fidèle à la pièce de théâtre de Victorien Sardou qui l’inspira.
Passion amoureuse, jalousie puis sacrifice restent au centre de l’intrigue, tout comme le combat pour la liberté et contre le terrorisme d’une police pourrie. Le noir, le gris dominent dans les costumes et les chapeaux aux allures des temps de guerre. La direction d’acteur fouille assez justement les états d’âmes. Les interprètes de la première distribution (les premiers rôles sont chantés en alternance *) – s’y plient avec justesse, la rondeur de pépé bonhomme du baryton russe Valery Alexeev rend plus redoutable le sadisme et la lubricité de Scarpia, Misha Didyk, jeune ténor ukrainien à la voix pincée fait de Mario un jeune premier de série B. C’est une soprano roumaine Susanna Branchini qui enfile les atours de la diva Floria Tosca - tailleur moulant, bibi et étoles de fourrure - et qui lance ses grands airs – Vissi d’arte – d’une projection nette et d’un timbre ample et onctueux.
Maurizio Barbacini insuffle de l’énergie et même des paillettes à l’orchestre symphonique maison.
Cette vision ciné polar de Tosca l’apparente davantage au théâtre musical qu’à l’opéra traditionnel. Le message passe, il manque un peu de grandeur.
Tosca de Giacomo Puccini, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après Victorien Sardou.
Orchestre symphonique, chœur et chœur d’enfants de l’Opéra de Flandre-Vlaamse Opera, direction Maurizio Barbacini, chef de chœur Yannis Pouspourikas et Matteo Pirola, mise en scène et décors Frans Willem de Haas, lumières Glen D’haenens. Avec Susanna Branchini (et Olga Romanko*), Misha Didyk (et Najmidin Mavlyanov*), Valery Alexeev (et Gregg Baker*), Andrew Greenan, Matteo Peirone, Michael Kraus, Christopher Lemmings, Thierry Vallier, Thomas Mürk, Jonathan van der Beek, Karel Vermylen, Seppe Bossuyt.
Opéra de Flandre/Vlaamse Opera
Anvers : les 5, 6, 7, 8, 9, 12 & 13 novembre à 20h, le 10 à 15h
Gand : les 20, 22, 23 & 26 novembre à 20h, le 24 à 15h.
0032 (0)70 22 02 02 – www.vlaamseopera.be