Stéphane Lissner, futur directeur de l’Opéra de Paris, une nomination expéditive mais attendue

Stéphane Lissner, futur directeur de l'Opéra de Paris, une nomination expéditive mais attendue

Stéphane Lissner sera donc le prochain directeur de l’Opéra National de Paris. Rarement nomination aura été aussi expéditive. On savait que le mandat de Nicolas Joël , l’actuel directeur de l’institution, s’achèverait en 2015 et que son successeur devait impérativement être désigné avant la fin de l’année 2012 afin de lui permettre d’assurer la programmation de sa première saison. Il en va toujours ainsi, les artistes de renommée doivent être retenus des années à l’avance.

A la tête de la grande maison parisienne depuis le 1er août 2009, Nicolas Joël, ancien patron du Capitole de Toulouse qu’il avait haussé à un niveau international, devait se porter candidat à sa propre succession. Crise oblige : l’Opéra de Paris n’a pas été épargné par les restrictions budgétaires. Elles furent chiffrées début octobre. Le 7 du même mois Nicolas Joël les invoquait pour annoncer qu’il renonçait à sa candidature. Dès le lendemain, le ministère de la culture, en accord avec la présidence de la République, désignait Stéphane Lissner à son poste. Vite fait, bien fait.

On savait que Lissner le convoitait. Mais il n’était pas le seul. Parmi les nombreux impétrants, deux noms semblaient plausibles : Dominique Meyer, ancien directeur du Théâtre des Champs Elysées, aujourd’hui directeur du Staatsoper de Vienne et Serge Dorny, patron de l’Opéra National de Lyon. Deux hommes connus pour l’excellence de leurs gestions artistiques et administratives.

Histoires d’âges

L’âge de Stéphane Lissner, 59 ans, pouvait poser un problème. Il en aura en effet 62 quand sa fonction sera effective. Et il est de règle en France de remercier – ou de mettre à la retraite, ce qui revient du pareil au même – à l’âge limite de 65 ans tout responsable d’activité dans une entreprise nationale. A l’Opéra de Paris, une exception – de courte durée - avait déjà dû être consentie pour Gérard Mortier, qui en fut le directeur de 2004 à 2009. Si Lissner occupe son poste jusqu’à la fin de son mandat, il quittera la maison à 69 ans. Il faudra donc pour lui réviser la copie des mises à la retraite automatique.

Le cas peut prêter à sourire dans le seul pays d’Europe ayant fixé l’âge de la retraite à 60 ans. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy projetait d’en allonger le délai de deux ans. Celui de François Hollande vient de rétablir la règle antérieure. En Belgique c’est à 65 ans qu’on plie bagage, en Allemagne, à 67… C’est pourtant en France que les pouvoirs publics semblent afficher une préférence pour les seniors en matière de responsabilité culturelle. Ainsi, il y a moins d’un an, Olivier Py, né en 1965 a été remplacé à la tête de l’Odéon par Luc Bondy né en 1948. Le dynamisme des sexagénaires devrait donner matière à réflexion bureaucratique.

En tout état de cause, pour la gouvernance de l’Opéra National de Paris, Stéphane Lissner était le mieux placé. Surintendant de la prestigieuse Scala de Milan depuis 2006, il a su y redresser la barre d’un navire tanguant en mauvaises eaux et lui donner le cachet d’une maison saine où l’artistique prend aussi les risques des talents nouveaux.

Un réaliste optimiste

La passion du spectacle vivant l’enveloppe depuis toujours comme une seconde peau. Il débute à 24 ans au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers aux côtés de Gabriel Garran et de Jack Ralite, puis il fonde sa propre compagnie Le Théâtre Mécanique. Il partage un temps la direction des Bouffes du Nord avec Peter Brook et prend la tête du Théâtre Municipal du Châtelet en 1988. Dix ans durant il en fait un haut lieu de la création musicale. De 1998 à 2005 il agrandit les activités du Festival d’Aix en Province qui lui a été confié, y crée une école et fait construire une nouvelle salle, le Grand Théâtre de Provence, capable d’accueillir, en ouverture, le Ring de Wagner. Il a du charme et de l’autorité.

C’est un réaliste optimiste. Quand on l’interroge sur les impasses budgétaires annoncées, il répond qu’on peut faire beaucoup avec moins. Son expérience hors de France lui a appris qu’ailleurs la culture est bien moins servie, qu’il faut pouvoir se débrouiller avec ce qu’on a ou trouver ce qui manque ailleurs que dans les caisses de l’Etat.

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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