1 & 9 Symphonies. Salle Pleyel lundi 27 octobre 20h

Quoi de neuf aujourd’hui ? Beethoven par van Immerseel !

Le chef hollandais décape la patine accumulée sur Beethoven

Quoi de neuf aujourd'hui ? Beethoven par van Immerseel !

Depuis les anciens avec leurs instruments modernes ; Klemperer, Karajan, et les modernes sur instruments anciens ; Gardiner, Norrington, Rattle, on croyait que tout avait été fait sur les Symphonies de Beethoven. C’est sans compter sur un inépuisable fouineur d’archives et un amoureux des saveurs orchestrales romantiques !

Le chef Jos von Immerseel avec ses complices sur instruments anciens d’Anima Aeterna, ose une vision plus iconoclaste que jamais pour les positions de ses prédécesseurs comme décapante pour nos oreilles.

Associer devoir et liberté
Comment s’attaquer à des pages aussi célèbres et apporter vraiment du nouveau ? Rien de plus simple ; il suffit d’associer devoir et liberté, plaide Jos van Immerseel dans sa remarquable note d’introduction de son intégrale Symphonies & ouvertures (6 cd Zig Zag Territoires).
Devoir : Respecter les partitions, l’emploi des instruments, l’effectif et des tempi prescrits et le diapason viennois du temps de Beethoven grâce à un minutieux travail d’enquêtes, d’érudition et de curiosité (qui ne délaisse aucun détail de l’instrumentarium, le nombre de musiciens (historiquement entre 37 et 42 musiciens suivant les symphonies sauf pour la 9 ), jusqu’à l’acoustique déduite par la connaissance exacte des salles viennoises (jusqu’à 3.000 places) dans laquelle et pour lesquelles Beethoven a composé ses symphonies…

Liberté : « elle se loge dans le droit d’être un individu d’aujourd’hui avec sa propre érudition et ses sensibilités (toujours personnelles), de doser tous les éléments disponibles et de communiquer le tout. C’est lorsque le devoir et la liberté entrent en dialogue que l’on donne les meilleures chances à Beethoven, dans la gravité, le drame, la gaieté et la facétie »

Retrouver le caractère expérimentateur de Beethoven

L’espiègle trublion n’en est pas à ses premiers essais : vingt ans de recherches organologiques sur les données stratégiques du style : tempos, nuances dynamiques, diapason…et de pratique des œuvres classiques (Mozart, Haydn) et romantiques allemands (déjà Beethoven dans ses Concertos pour piano et violon (cd Sony), Brahms, Johann Strauss) et slaves (Tchaïkovski, Rimski-Korsakov, Borodine) et enfin de Ravel (recherches éditées en cd chez Zig Zag Territoires),
L’admirable pianiste et claveciniste, qui a fondé en 1987 son propre ensemble revient à Beethoven avec l’expérience soudée et collective de l’orchestre symphonique. Et ces diables d’interprètes s’en donnent à cœur joie pour bousculer nos réflexes auditifs ; d’abord, cette habitude (inconcevable pour les instruments de l’époque de Beethoven) de jouer aussi lentement au profit d’un souffle qui dépoussière beaucoup sur son passage.

Beethoven qui y gagne un sang neuf

Au coeur des trouvailles qui en hérisseront plus d’un par ses tempi vitaminés, il y a la recherche de sons inédits issus des instruments minutieusement choisis - du Fagott (basson), en passant par la contrebasse avec frettes ou les timbales en peau naturelle… - en majorité de facture viennoise "On sait précise Jos Van Immerseel que Beethoven s’informait très précisément auprès des musiciens des capacités techniques de leurs instruments. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il pousse chaque instrument à l’extrême de ses possibilités. C’est en partie pourquoi cette musique est si révolutionnaire : par sa grande difficulté technique, mais aussi par le caractère dramatique que cela confère à la musique (et cette dramatisation est également accentuée si l’on respecte le diapason de l’époque qui était haut : au moins 440, si ce n’est plus). C’est pourquoi il est si important de jouer cette musique sur instruments d’époque. Les instruments modernes rendent cette musique plus facile... (...) ; ils ne sonnent évidemment pas comme il faut, avec leurs cordes métalliques ».
Au-delà des polémiques, le résultat est d’une fraîcheur inouïe, nourri d’une pulsion quasi chorégraphique insufflé par des musiciens qui jouent comme des solistes. Loin d’une pesanteur colossale, chaque note respire et diffuse une audace récréative, une énergie renouvelée, ce qui colle parfaitement à la violence de la musique, et au souffle originel de sa portée révolutionnaire. Van Immerseel ouvre le débat, à l’auditeur de se faire l’oreille.

Beethoven 1 & 9e Symphonies Lundi 27 octobre 2008 - Salle Pleyel - Choeur et Orchestre Anima Eterna - Jos van Immerseel dir. - Anna-Kristiina Kaappola : soprano, Marianne Beate Kielland : alto, Markus Schäfer : ténor, Thomas Bauer : basse

Intégrale des Symphonies de Beethoven & Ouvertures : Les Créatures de Prométhée, Les Ruines d’Athènes, Coriolan, Egmont, La Consécration de la maison., par Anima Aeterna sous la baguette de Jos van Immerseel. 6 cd Zig Zag Territoires

A propos de l'auteur
Olivier Olgan
Olivier Olgan

Diplômé de Sciences Po et licence de Droit, parallèlement à une carrière de consultant en communication institutionnelle et culturelle, Olivier Le Guay - Olgan a contribué à la rubrique musicale et multimédia de La Tribune de 1991 à 2006, et effectué de...

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