Plaidoiries par Richard Berry
Grands plaidoyers de notre temps
Dans une anthologie de plaidoiries établi par Matthieu Aron, Richard Berry a choisi cinq interventions d’avocat d’une réelle importance historique : la défense d’une mère infanticide, le plaidoyer contre Maurice Papon, la défense des familles des gamins innocent électrocutés à Clichy-sous-Bois par Jean-Pierre Mignard, l’argumentation de Paul Lombard contre la peine de mort et pour la libération de Christian Ranucci (l’affaire du « pull-over rouge », l’accusé sera quand même exécuté en 1976), la philippique de Gisèle Halimi contre l’avortement. En habit de plaideur, avec quelques pointes d’hermine blanche dans le noir de la robe, Berry interprète ces textes sobrement. Entre chaque moment, des documents d’époque sont projetés sur un fond en forme de damier blanc et or.
On attendait plus d’ambition. Certes, le jeu de Berry est pudique et profond. Mais le projet repose avant tout sur la volonté de faire comprendre et aimer de grands préceptes : la compréhension de l’autre, le refus de la peine de mort, le soutien à de grandes causes sur lesquelles parfois la société recule (comme l’avortement)… Tout cela est bel et bien. Mais, alors que la similitude entre le métier de l’avocat et celui de l’acteur est évidente, on aurait pu espérer un spectacle où le comédien mettrait en lumière la différence des interprétations à travers les décennies, aller de Floriot et Garçon à Dupont-Moretti, donner à voir le théâtre des prétoires. Richard Berry en est resté à un service minimum. Sans bavure mais minimal.
Plaidoiries d’après Les Grandes Plaidoiries des ténors du barreau de Matthieu Aron, mise en scène d’Eric Théobald, avec Richard Berry.
Théâtre Antoine, 19 h, tél. : 01 42 08 77 71. (Durée : 1 h 10). Jusqu’au 17 novembre.
Photo Céline Nieszawer.