Jusqu’au 12 décembre au 104

Pinocchio de Collodi

Un conte oral et musical chanté, joué, dansé, mimé avec beaucoup de poésie et de vivacité.

Pinocchio de Collodi

Musique, chant, danse, cirque, mime, comédie/tragédie… il y a un peu de tout cela dans Pinocchio donné au 104 pour les fêtes par la compagnie Gabbiano, créée et animée par Thomas Bellorini. Pas question pour la sympathique troupe de saltimbanques de reprendre in extenso tous les épisodes du conte épais distillé par l’italien Carlo Collodi (1881) en feuilleton dans une revue. Seuls quelques épisodes marquants retracent la trajectoire du petit pantin taillé dans le bois par le vieux et pauvre menuisier Gepetto qui en fait un petit être vivant. Lequel apprend souvent à ses dépens les lois de la vie sociale.

Dans ce spectacle pour les petits (à partir de cinq ans) où les grands ne s’ennuient pas, la musique tient la première place et tous les artistes de la troupe savent chanter, danser, mimer, jouer la comédie ou d’un ou plusieurs instruments. Pas de décors spectaculaires, justes quelques accessoires sur la scène et des photos aux couleurs sépia qui donnent une teinte délicieusement désuète au spectacle, évoquant avec bonheur différentes atmosphères. Et des jeux de lumières qui redonnent vie à un univers ancien, celui du conte, hors du temps mais pas de la réalité.

Jouet de ses caprices

Compositeur autant que metteur en scène, Thomas Bellorini, artiste résident au 104 depuis 2014, fait de la musique un instrument du récit à part entière. A la fois populaire et contemporaine, elle raconte sous des tonalités diverses, la mélancolie, l’âpreté de la vie, le voyage, le rêve… Le récit est mené par l’excellent conteur François Perache, qui incarne avec bonhommie Geppetto, et qui retrace avec beaucoup de vivacité et force onomatopées, les péripéties du pantin espiègle, jouet de ses caprices.

Pas d’artifices, encore moins de nouvelles technologies, pour figurer l’allongement du nez de la marionnette lorsqu’elle dit un mensonge mais des gestes qui en tiennent lieu et qui suffisent bien. Pinocchio est représenté par l’acrobate Brenda Clark aux gestes saccadés mais virevoltant avec aisance sur son trapèze. Il est entouré d’une bonne fée accordéoniste perchée sur son échelle qui prodigue en vain ses conseils. Un comédien incarne plusieurs rôles secondaires (le grillon, le compagnon paresseux), tandis qu’un homme-orchestre joue successivement de plusieurs instruments. Tous restent tout le temps sur scène et s’emparent à tour de rôle ou simultanément de l’histoire. Et lancent des chansons populaires faciles à mémoriser, entrainant le public à participer.

Féérique, le spectacle n’élude pourtant pas la dureté du réel. Ainsi la pauvreté du vieux Gepetto qui, sous une neige tombant à gros flocons, est obligé de troquer son manteau tout rapiécé contre un alphabet indispensable à Pinocchio pour aller à l’école. Ou encore l’épisode où le pantin et son créateur se retrouvent nez à nez dans le ventre obscur de la baleine, mauvais pas dont ils vont se tirer ensemble avec astuce.

En à peine une heure, juste assez pour ne pas lasser les enfants, le spectacle imprime dans les mémoires sa marque visuelle et sonore particulièrement attachante. Les petits en redemandent, les grands aussi.

Pinocchio, de Carlo Collodi, au 104 jusqu’au 27/12, https://www.104.fr/
Adaptation, musique et mise en scène : Thomas Bellorini.
Avec François Pérache, Adrien Noblet, Zsuzsanna Varkonyi, Brenda Clark, Céline Ottria, Jo Zeugma.
Lumières : Jean-Philippe Morin. Costumes : Jean-Philippe Thomann. Illustrations et animations : Laure Laferrerie. Régie générale : Victor Arancio. Régie son : Nicolas Roy. Production : Compagnie Gabbiano
Photo : Jérémy Breut

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de sa...

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