Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino
Une mise en scène coup de poing
L’auteur italien Fausto Paravidino n’est pas toujours aussi directement politique que dans sa pièce sur la répression des manifestants en Ligurie, Gênes 01. Dans Nature morte dans un fossé, il trace un double portrait, dépeignant à la fois une bourgeoisie délabrée et une marginalité criminelle. Cette « nature morte », c’est malheureusement une jeune fille, trouvée sans vie dans un fossé. L’enquête montre qu’elle passait pour une jeune femme exemplaire mais qu’elle avait une existence déréglée – mais le plus dissolu, ce n’était pas elle, mais son père, autre bourgeois exemplaire ! La pièce fonctionne beaucoup en flashes-back et en monologues. La reconstitution est impitoyable. Les façades sociales s’écroulent.
La mise en scène de Céline Lambert est coup de poing. La vidéo envoie des noms en majuscules et des images choc. Les scènes se suivent nerveusement, les comédiens modifiant aux-mêmes le décor.
L’interprétation, surtout, dans les premières scènes gagnerait à être nuancée. C’est trop crié, trop assuré. Mais, peu à peu, le spectacle trouve son rythme et sa vérité. Livrés à leur solitude dans les monologues, Gwanaëlle Hérault, Romain Pirosa, Melchior Carrelet, Mehdi Harad, Isabelle Coulignier et Raphaël Beauville ont des personnalités sensibles ou puissantes. Ils forment une belle équipe.
Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino, texte français de Pietro Pizzuti (éditions de l’Arche), mise en scène de Céline Lambert, scénographie d’Adeline Gauvreau, costumes d’Alessia Bellassaï, musique d’Olivier Darcourt, vidéo de Clémence Pogu, son de Samy Bardet, lumières de Gérald Juniet, avec Gwanaëlle Hérault, Romain Pirosa, Melchior Carrelet, Mehdi Harad, Isabelle Coulignier, Raphaël Beauville.
Manufacture des Abbesses, 21 h les jeudi, vendredi, samedi, 17 h le dimanche, tél. : 01 42 33 42 03 , jusqu’au 11 juin. (Durée : 1 h 15).
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