Maris et Femmes de Woody Allen

La valse hésitation des cœurs par un quatuor au sommet !

Maris et Femmes de Woody Allen

Cela aurait dû être une soirée entre amis, assez banale en soit. Gabe et Judy plaisantent en attendant Jack et Sally, ils savent qu’ils iront au même restaurant que d’habitude. Comme d’habitude, les hommes vont raconter les mêmes blagues. Mais voilà Jack lance un pavé dans la mare tranquille de l’habitude. Sally et lui se séparent !
Pour Gabe et Judy c’est un raz de marée. Le divorce de leurs amis remet en question leur propre couple. Sally est sereine. Jack trouve une nouvelle jeunesse dans une relation avec une charmante jeune femme. Mais sont-ils heureux ? Gabe est professeur, un peu timide, un peu gauche, entouré de jeunes étudiantes, que de tentations ! Que ce soit Judy, très attirée par un séduisant collègue ou Sally si froide et si sûre d’elle, que ce soit Jack et Gabe travaillés par le démon de midi, la valse des sentiments va transformer ce quatuor New Yorkais sur un solo de clarinette !

Adapter au théâtre un film de Woody Allen n’est pas chose facile. En France, on aborde le cinéma d’une façon littéraire, laissant de côté (parfois) l’aspect technique. Chez Woody Allen, il n’y a pas que le texte, toujours brillant et spirituel, son écriture induit le jeu de la caméra qui filme si amoureusement New York. Christian Siméon s’est laissé convaincre par Hélène Médigue. La belle Hélène a acquis de haute lutte les droits du film réalisé en 1992. Grâce lui soit rendue ! Christian Siméon nous livre une adaptation des plus réussies ; il a su s’effacer derrière l’œuvre originale, décryptant ce scénario si bien écrit qui imbrique les intrigues amoureuses des deux couples. Maris et Femmes est une comédie de mœurs aux répliques savoureuses pleines d’ironie piquante. Ce sont des intellectuels en proie à des questionnements existentiels, métaphysiques et psychanalytiques, et pour nous drolatiques. Ce chassé croisé amoureux, où la culpabilité est un frein, le remord angoissant donne lieu à des situations comiques. Adapter un film pour qu’il devienne une pièce de théâtre pose le problème de la multiplication des lieux. Stéphane Hillel signe une mise en scène épurée. Avec son scénographe Edouard Laug il a joué la carte New Yorkaise. Il n’y a aucune tentative de pseudo réalisme, nous sommes au théâtre dans un décor stylisé et très graphique. Les buildings dessinés façon cartoonesque nous plongent dans l’univers de notre quatuor. Il suffit d’avoir écouté une seule fois Woody Allen pour avoir en tête son débit saccadé et vif. La mise en scène de Stéphane Hillel a ce rythme.
Les comédiens sont tous excellents. Gabe alias José Paul est un professeur pétri d’angoisse, Marc Fayet l’homme volage qui regrette la sécurité du mariage, Hélène Médigue délicieuse et si maladroite dans ses plans dragues, Florence Pernel joue une femme autoritaire d’une classe folle. Emmanuel Patron dans le rôle du chouchou de ces dames, sait être plus qu’un bellâtre. Ils nous offrent un spectacle exquis qui a toutes les nuances de l’amour à la sauce Allen. Plus qu’une réussite !

Maris et Femmes
Scénario de Woody Allen
Adaptation théâtrale Christian Siméon
Mise en scène Stéphane Hillel
Scénographie Edouard Laug
Avec Florence Pernel, José Paul, Hélène Médigue, Marc Fayet, Astrid Roos, Emmanuel Patron, Alka Babir
Théâtre de Paris, salle Réjane
Tél : 01 42 80 01 81 www.theatredeparis.com
Crédit photo : Céline Nieszawer

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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