La vie est belle d’après Franck Capra
Heureusement, il y a des anges
Egarer 8000 dollars aujourd’hui, c’est toujours grave. Mais les perdre en 1946, comme l’un des personnages du film La vie est belle, c’est beaucoup plus dramatique car, à l’époque, le dollar représentait infiniment plus d’argent. En transposant le scénario du film de Capra, la compagnie Caravane n’a changé ni le contexte ni la valeur de la monnaie. L’action se passe toujours en 1946, dans une petite ville de l’Etat de New York. Un jeune homme reprend, un peu malgré lui, l’entreprise de son père et veut en poursuivre la politique généreuse. Mais la somme de 8000 dollars, qu’il a confiée à l’un de ses proches, disparaît, condamnant l’entreprise à la ruine ou à une entente contre nature avec l’entreprise rivale dont le patron est animé des pires intentions. Le jeune directeur comprend qu’il est perdu. Ses créanciers sont déjà à sn bureau pour exiger d’être payés. Il ne s’en sortira pas ! Mais si. Le Ciel envoie à son secours un jeune ange peu expérimenté (il doit gagner ses ailes en réussissant les épreuves dont il est chargé). La situation va s’inverser. Le méchant ne gagnera pas. Les justes et les humbles retrouveront la douceur de vivre.
En 1946, les Américains avaient besoin d’optimisme. En 2017, les Français en ont un besoin égal. C’est une bonne idée de faire passer le script de l’écran à la scène. L’adaptation et la mise en scène de Stéphane Daurat vont dans le bon rythme à l’essentiel. Les éléments scéniques – fragments de bureau, façades, pont, jardin, escalier… – circulent avec une belle rapidité, comme en dansant. Les années 40 sont reconstituées à travers les costumes et aussi l’interprétation des acteurs au jeu franc comme dans le cinéma d’antan. Stéphane Daurat en alternance avec Jérôme Ragon, Sandra Honoré, Thierry Jahn, Hervé Jouval, Alexandre Letondeur et Gwenaël Raveux trouvent sans détour l’évidence des sentiments. Catherine Hauseux communique au personnage de l’ange un mystère tout à fait troublant. Cette fable moderne sur la bonté nous est restituée avec éclat, sans passer par les émotions faciles. La joie et la vérité de la comédie ont, ici, sans cesse, une profondeur aérienne.
La vie est belle d’après le scénario du film de Franck Capra, mise en scène de Stéphane Daurat, lumière de Jean-Luc Chanonat, calligraphie titre d’Etienne Boyer, avec Stéphane Daurat en alternance avec Jérôme Ragon Catherine Hauseux, Sandra Honoré, Thierry Jahn, Hervé Jouval, Alexandre Letondeur et Gwenaël Raveux.
Théâtre 13/jardin Jusqu’au 22 décembre 2019. Tel : 01 45 88 62 22.
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