La mort de Simone Balazard
Autrice, éditrice, novatrice
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- 2 décembre 2024
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Née le 12 octobre 1935 à Alger, Simone Balazard (née Jaffard) vient de mourir à Paris le 27 novembre. C’était à la fois une écrivaine, une autrice de théâtre et une éditrice. Peut-être œuvrait-elle pour les textes et les pensées de ses amis que pour elle-même. C’est pour cette raison qu’elle n’acquit pas une notoriété de premier plan. Mais, quand vint le règne du numérique, elle ne disparut pas des catalogues. Preuve qu’un certain public restait attaché aux romans qu’elle publia à partir de 1963.
Ce qui la forma, la constitua, c’est une jeunesse à Alger parmi les Algériens et les Français éclairés qui vivaient là-bas la période des années 50. Simone Balazard apprit à la fois les lettres, la littérature, la philosophie et la politique. A Paris, à l’âge de 20 ans, elle devint enseignante et, après la parution de ses premiers livres, participa à bien des mouvements pour l’amélioration de la vie et du statut des écrivains (Conseil européen des écrivains, Fédération internationale des écrivains de langue française…). Peu à peu, elle se consacre beaucoup au théâtre : elle suit les cours de Jacques Lassalle et Bernard Dort, écrit des pièces, rejoindra plus tard les Ecrivains associés du théâtre. Elle fera paraître sur ces sujets deux livres de référence Le Guide du théâtre français (1979) et L’Auteur(e) dramatique du XXe siècle (2011).
En 1996, elle devient éditrice en fondant la revue Le Jardin d’essai qui se transforme en maison d’édition sous la même appellation Jardin d’essai. Le nom qu’elle donne à sa société est une allusion, un hommage au fameux jardin d’Alger qu’elle fréquentait beaucoup naguère. Elle salue, à travers plusieurs titres, la romancière qu’elle aura aimé par-dessus-tout, George Sand. Avec un double sens du répertoire et de la nouveauté, elle édite romans, essais, pièces de théâtre (comme Giacomo le tyrannique de Giuseppe Manfridi, traduit par son amie Huguette Hatem). En 2021, avec Dominique Chryssoulis et Denise Gellini, elle n’hésite pas à créer La Nouvelle Revue, publication annuelle ouverte à tous les vents. Certains de ses enfants, Sophie Balazard, Sylvestre Balazard, collaborent de façon intense à ces activités littéraires, éditoriales et érudites.
Simone Balazard était une personnalité originale, bienveillante, très active. Très hospitalière, elle aimait accueillir les auteurs et les amis dans son domicile du XIIIe arrondissement, et aussi créer des rencontres dans sa salle de réunion. Elle aurait mérité plus de renom, notamment pour ses œuvres théâtrales qui reflètent sa compréhension profonde de la société et du jeu social : Qui se souvient d’Eléonore ?, Loin de Nohant…Bernard Dort lui disait que ses pièces avaient le défaut d’être trop intelligentes : un compliment dont la postérité devrait se souvenir sans tarder.
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