Jean-Marie Besset, patron à Montpellier

Jean-Marie Besset, patron à Montpellier

La nouvelle a surpris, et continue de surprendre : Jean-Marie Besset a été nommé par Frédéric Mitterrand directeur du Centre dramatique national de Montpellier, en remplacement de Jean-Claude Fall – qui quitte ses fonctions le 31 décembre, après treize ans de remarquables et loyaux services à la tête du théâtre dit des Treize-Vents. On ne peut que se réjouir qu’un auteur vienne tenir un rôle de premier plan dans le système du théâtre subventionné. D’ailleurs, Besset, originaire de cette région (il a créé et anime le festival Nava à Limoux, sa ville natale), postulait depuis longtemps à la responsabilité d’un CDN. C’est enfin gagné pour lui. Lui-même n’est pas qu’un auteur, metteur en scène (et, éventuellement acteur) du secteur privé, avec ses pièces le plus souvent repérées et applaudies,Ce qui arrive et ce qu’on attend, Commentaire d’amour, Les Grecs, Rue de Babylone. Sa première pièce, Villa Luco, a été créée au Théâtre national de Strasbourg, par Jacques Lassalle. Il est, d’une certaine façon, né dans le circuit public.
Intéressé par les écritures des autres (le festival Nava en est la preuve), soucieux d’un rôle de passeur des écrivains anglo-américains, Besset a, comme on dit dans les cabinets ministériels, un bon profil. Mais est-il apte à conduire un outil comme le théâtre des Treize-Vents ? Car un centre dramatique est un gros appareil, doté d’une très grande salle, fonctionnant autour du répertoire, de mises en scène utilisant un vaste plateau et d’un public renouvelé par les réseaux culturels. On pourra dire que ce type de salle est plus favorable aux classiques qu’aux modernes, et qu’il faut changer cela. Mais ce n’est pas si simple. L’actuel spectacle,Phèdre par Renaud-Marie Leblanc, avec Roxane Borgna, qui est une réussite, incarne la vie normale du lieu : une grande œuvre, une distribution constituée avec les acteurs fidèles à l’équipe de Fall et la confiance faite à un jeune metteur en scène, tout cela en action après et avant la mise à l’affiche de nouveautés faites ici ou choisies parmi les réalisations des autres théâtres publics. Les pièces qu’a toujours privilégiées Besset, les siennes et celles qu’il défend, sont plutôt des textes pour petites salles, s’assimilent plus à la musique de chambre qu’à la formation orchestrale. Saura-t-il changer d’échelle, penser dans une autre dimension spatiale, alors que l’écriture d’aujourd’hui peine à s’exprimer dans de grandes salles ? Il lui manque cette culture du vaste lieu collectif, dans la lignée des théâtres antiques dont nous dépendons toujours, qu’il doit acquérir d’urgence. Sinon, il va flotter dans ces murs trop grands.
Pour le moment, son programme reste secret. Il a seulement précisé qu’il vient à Montpellier, escorté de son complice en mise en scène, Gilbert Désveaux, et qu’il bénéficiera de passages d’André Téchiné pour la formation d’acteurs.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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