Avignon Off
Du charbon dans les veines de Jean-Philippe Daguerre
Amitiés, amour et musique aux pays des gueules noires.

Jean-Philippe Daguerre revient en Avignon avec une nouvelle pièce qui nous emmène au pays des corons, dans une famille de mineurs.
Nous sommes en 1958, la coupe du monde de foot avec Raymond Kopa est l’événement qui justifie l’achat de la première télévision. Les actualités de l’époque nous font remonter le temps et découvrir le quotidien d’une famille de mineurs dans la petite ville de Nœux-les-Mines.
L’histoire réunit sept personnages. Solène, la mère, tient un petit café dans lequel se retrouvent les différents protagonistes pour des moments de convivialité et de confidences. Elle est mariée à Sosthène, un homme sympathique, parfois amusant et lucide sur les conditions de vie des mineurs. Il ne travaille plus à cause de la silicose et gère les répétitions d’accordéon de leur fils Pierre, de son ami Vlad et une petite nouvelle Leïla. Pierre et Vlad, tous deux mineurs, sont les meilleurs amis du monde. Ils élèvent des pigeons-voyageurs. Nous faisons aussi la connaissance du père de Vlad, un émigré polonais, mineur, le meilleur ami de Simone et Sosthène. Le docteur, qui suit Sosthène, devient un ami de la famille et rejoint le petit groupe. Tous les comédiens et comédiennes sont excellents et donnent à leur personnage une véracité et une dimension sensible.
La pièce aborde des sujets variés : une histoire d’amour et de rivalité avec le personnage de Leïla, la jeune Marocaine qui a choisi de jouer de l’accordéon pour mieux s’intégrer, le thème de l’émigration, l’importance de l’amitié pour supporter des conditions pénibles et dangereuses. Par petites touches se dessine la vie quotidienne des mineurs avec son lot de joie et de douleurs. Le spectacle propose une restitution sensible au plus juste de ce milieu des année 1950.
La scénographie ingénieuse traduit de manière réaliste ce milieu rude des mineurs. Les nuances de gris dominent le décor et suggèrent combien la poussière charbon se dépose partout, même sur les salades qu’il faut laver cinq fois. On retrouve la couleur grise dans les costumes de Virginie H. Le décor d’Antoine Milian détermine plusieurs lieux, le fond de la mine, le café, le cabinet du docteur, le pigeonnier, la voiture, et même un jardin dans le Sud. Cette structuration de l’espace contribue au rythme du spectacle et à sa dynamique. Grâce aux créations lumières très subtiles de Moïse Hill, nous passons d’un lieu à un autre avec fluidité. Enfin la musique composée par Hervé Heine apporte des moments de gaîté et de détente.
La pièce retrace les choses de la vie avec son lot de difficultés, de malheurs, de joie et de bonheurs et souligne combien l’amitié et la solidarité sont importantes.
Une belle réussite !
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Texte : Jean-Philippe Daguerre
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre
Avec Jean-Jacques Vannier, Aladin Reibel, Raphaëlle Cambray, Théo Dusoulié, Julien Ratel, Juliette Béhar, Jean-Philippe Daguerre
Costume : Virginie H
Compositeur :Hervé Haine
Lumières : Moïse Hill
Scénographie : Antoine Milan
Crédit photo : Grégoire Matzneff
Festival OFF Avignon
Du 4 au 21 juillet à 14H50, relâche les 10 et 17 juillet
Durée 1h30
Théâtre du chien qui fume
75, rue des Teinturiers, 84000 Avignon