De grandes espérances de Dickens

Riches et pauvres

De grandes espérances de Dickens

C ’est une bonne idée de revenir à Dickens, dont l’art de conter et le regard généreux sont des qualités éternelles. Marjorie Nakache, qui dirige le vaillant petit Studio-Théâtre de Stains (une lumière dans le 9.3, un véritable îlot de théâtre populaire), a eu la bonne idée de penser aux Grandes Espérances, beau roman bien moins connu qu’Oliver Twist ou David Copperfield mais tout aussi passionnant.On y suit les aventures de Philip dit Pip, orphelin condamné à ne vivre que dans la misère – on le prépare au métier de forgeron – mais mystérieusement admis dans le monde des riches. En réalité, il a, sans trop comprendre, aidé un forçat à s’échapper et cet acte généreux lui a ouvert des portes qui auraient dû rester fermées pour quelqu’un d’aussi pauvre et va l’aider longtemps, car un mécène inconnu aide à son éducation. Pip est accueilli par Miss Havisham, une demi-folle qui poursuit de sa haine les êtres du sexe masculin, et il tombe amoureux de la file adoptive, la belle Estella. Ce n’est que le début de ses aventures...
Le spectacle de Marjorie Nakache est organisé en séquences, sans doute pour donner au théâtre un rythme cinématographique. C’est une série de courtes scènes toutes surprenantes, à la frontière du fantastique où le jeune Pip rencontre des êtres élégants ou angoissants. Grâce à des créations en trois D, le décor est sans cesse différent, d’une grande force romanesque et d’une étonnante beauté graphique. Les acteurs jouent dru, vif, dépouillé. Rien ne s’alanguit, tout est intense et saisissant. Un beau retour à ce XIXe siècle dont la vision d’une société divisée en riches et pauvres n’a rien perdu de son acuité.

De grandes espérances de Charles Dickens, adaptation de Xavier Marceschi d’après la traduction de Charles-Bernard Derosne revue par Jean-Pierre Naugrette (Livre de Poche), mise en scène de Marjorie Nakache, décor de Jean-Michel Adam, costumes de Nadia Rémond, lumières de Lauriano de la Rosa, masques de Geneviève David, musique de Gérard Maimone, vidéo de Brahim Saaï, avec Marthe Fieschi, Nicolas Guillemot, Elsa Habibi, Charles Leplomb, Xavier Marceschi, Marina Pastor.

Studio-Théâtre de Stains (93), tél. : 01 48 23 06 61, jusqu’au 19 décembre.

Photo Benoîte Fanton.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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