Paris, Comédie-Française jusqu’au 10 mars 2010
Les Joyeuses Commères de Windsor de William Shakespeare
une mise en scène qui manque d’esprit
Comédie, farce, surnaturel, elfes, théâtre dans le théâtre, tous les ingrédients de la comédie shakespearienne sont présents dans ces Joyeuses commères mais cela n’en fait pas pour autant une grande pièce, tout juste un sympathique divertissement. L’intrigue en est simple. Un vagabond des grands chemins qui hantent les tavernes avec sa bande d’ivrognes s’imagine pouvoir détourner l’argent de deux bourgeoises, madame Duflot (Catherine Sauval) et madame Lepage (Cécile Brune) à coups de flatterie. Mais tel est pris qui croyait prendre, les bourgeoises en question, pas si bête, lui jouent quelques tours à leur façon qui l’envoient directement dans la rivière au fond d’un panier à linge. Le seul véritable intérêt de la pièce serait la langue truffée de jeux de mots à tiroir et à sens multiples, pétrie de dialectes divers et variés, en somme absolument intraduisible, un obstacle supplémentaire difficilement négociable. La mise en scène de l’Espagnol Andrés Limas manque d’inspiration, de légèreté et joue de références picturales incongrues. Heureusement que l’énergie joyeuse des acteurs est là pour apporter un peu de couleurs et d’élan à un spectacle qui verse parfois dans une joyeuse confusion. Si Bruno Raffaelli n’est pas bien à l’aise dans la peau de Falstaff, Christian Hecq est très drôle dans le rôle de l’époux benêt qui supporte le numéro d’acteur, de même que Pierre-Louis Calixte en Pistolet, un de la bande de gueux qui accompagnent Falstaff, est irrésistible. Céline Samie est une charmante Simplette, et on soulignera le talent de Catherine Hiégel qui a un sens parfait du personnage de basse condition de comédie auquel elle prête sa forte personnalité, la précision de son jeu et un sens aiguë du comique. C’est la dernière fois, malheureusement que nous la voyons sur la scène de la Comédie-Française, puisqu’elle a été récemment remerciée par ses pairs, au prétexte qu’elle n’avait pas le bon profil pour être doyen. Mais ceci est une autre histoire.
Les Joyeuses Commères de Windsor, de William Shakespeare, traduction Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Richard, mise en scène Andrès Limas, avec Catherine Hiegel, Catherine Sauval, Thierry Hancisse, Andrzej Seweryn, Cécile Brune, Bruno Raffaelli, Christian Blanc : Filou et Rugby, Alexandre Pavloff, Céline Samie, Pierre Vial, Loïc Corbery. A la comédie-Française jusqu’au 10 mars. Durée : 3h.
© Cosimo Mirco Magliocca.