Paris-Théâtre de la colline jusqu’au 21 juin 2007

Laissez-moi seule, let me alone de Bruno Bayen

Lady Di et nous

Laissez-moi seule, let me alone de Bruno Bayen

On a tous quelque chose de Lady Di ; la moitié de la planète a regardé l’enterrement de l’icône britannique disparue brutalement pour excès de vitesse sous le pont de l’Alma, devenu depuis mausolée. Cette seule constatation aurait motivé l’écriture de ce spectacle. Certes, l’inspiration est fantasque et un fait divers, même pas royal, peut donner naissance à un chef d’œuvre (voir Stendhal, Duras et les autres). Certes celui-là fut interplanétaire et spectaculaire. Mais Bruno Bayen ne flatte même pas en nous le lecteur clandestin et honteux de Points de vue et images du monde tant il se perd dans des circonvolutions de l’esprit inaccessibles dont est vaguement perceptible, de manière intermittente, le deuxième, voire troisième, degré. Le spectateur s’efforce de décrypter le langage abscons qui régit cet objet théâtral non identifié, croit y parvenir par instant, rit même ça et là, grâce au talent des comédiens qui arrivent à nous faire croire à l’existence de leurs personnages. Une série de sketches, depuis l’enfance de Diana en Suisse jusqu’à l’embaumement de son cadavre en passant par les préparatifs de mariage, retrace le fil d’une vie tranché net mais avec mille contorsions et manières, comme pour se dédouaner de l’intérêt porté à un sujet "people", autant dire vulgaire. Mais heureusement les comédiens sont là, inventifs, et souvent convaincants, qui donnent chair et esprit à ce drôle de projet, avec une mention spéciale pour Clotilde Hesme, une Diana gamine, enjouée, pétulante, Dominique Valadié et Florence Loiret-Caille. Leur trio des fleuristes, qui accueillent l’annonce de l’accident comme une bonne aubaine pour leur petit commerce et se réjouissent en chanson, est épatant.

Laissez-moi seule, let me alone de Bruno Bayen avec Eric Berger, Lily Bloom, Axel Bogousslavsky, Brice Cousin, Jérôme Derre, Florian Guichard, Clotilde Hesme, Florence Loiret-Caille, Dominique Valadié. Au Théâtre de la colline jusqu’au 21 juin du mercredi au samedi à 20h30, mardi à 19h30, dimanche 15h30. 01 44 62 52 52. Durée : 2 heures.
www.colline.fr

texte publié aux éditions Joca seria, 2009.

© Vincent Pontet/wikispectacles

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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