Paris, Théâtre national de Chaillot jusqu’au 30 mai

La confidence des oiseaux de Luc Petton

Dialogue poétique

La confidence des oiseaux de Luc Petton

Le rêve du danseur, comme du circassien, n’est-il pas de prendre un jour son envol, de s’arracher à la pesanteur terrestre ? Cette aspiration secrète pourrait expliquer que le chorégraphe Luc Petton, d’abord formé aux arts martiaux, se soit intéressé de près à l’ornithologie, de si près qu’il a fini par inviter les oiseaux sur scène pour danser avec les artistes. Il a conçu un spectacle aérien et mystérieux dans lequel, telles des apparitions, les danseurs, magnifiques, semblent surgir de nulle part, avec pour tout vêtement un savant maquillage qui les apparente aux oiseaux. Harnachés de structure de bois qui font office de perchoirs, comme leurs bras, leurs jambes, leur dos, ils développent une danse de sauvages pacifiés, lente et mesurée, fluide, gracieuse, et traversée d’une impétueuse énergie. La thématique chorégraphique de la gestuelle évoque le règne animal dans une langue des signes comprise des oiseaux. On imagine à peine les heures de patience qu’il aura fallu pour qu’un groupe de geais apprennent leur partition, pour que la corneille se prête sans faux-pas à un pas de deux incroyable avec le danseur, se posant précisément sur un bras ou l’autre, ou sur la pointe de l’orteil tendu vers le ciel. Le gracieux groupe de perruches se lancent à plusieurs reprises dans un tour d’honneur au-dessus de la tête des spectateurs ébahis pour revenir, d’un même battement d’ailes, sur leur perchoir humain. Rien de démonstratif dans ce spectacle sobre et harmonieux qui recherche l’épure du geste et des lignes et ouvre l’imaginaire sur un monde captivant de pure poésie qui éveillent les sens. On attend avec impatience la prochaine création, annoncée pour la saison prochaine, avec des oiseaux aquatiques qui conjuguera l’air et l’eau et que Luc Petton présente comme un palimpseste du Lac des cygnes de Marius Petipa.

La Confidence des oiseaux de Luc Petton. Collaboration artistique : Marilén Iglesias-Breuker. Danseurs : Marie-Laure Agrapart ou Marie Sinnaeve, Mélisande Carré Angéli, Aurore Castan-Aïn, Tuomas Lahti ou Maxime Iannarelli. Musicien-Compositeur : Xavier Rosselle. Oiseleur capacitaire : Tristan Plot. Oiseleur : Julien Durdilly. Oiseaux : calopsittes, corneille, geais, étourneaux, perruches de pennant et pies. Scénographie : Jean-Paul Céalis. Costumes : Raul Pajaro Gomez. Création et Régie lumière : Sylvie Vautrin. Au théâtre national de Chaillot, du mardi au samedi à 20h30, jusqu’au 30 mai. Durée : 1h. Tel : 01 53 65 30 00.
www.theatre-chaillot.fr

Crédit photo : Alain Jullien

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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1 Message

  • La confidence des oiseaux de Luc Petton 21 décembre 2013 20:46, par Serge

    Je n’y ai ressenti personnellement qu’un ennui profond. On ne sait dans les envol d’oiseau ce qui est accidentel ou prévu (on en revient à l’improvisation vide des années 60/70 ?) ; et puis surtout les danseurs utilisés comme perchoirs sont totalement restreints dans leur gestuelle.
    Tout cela me semble ressortir à la mode du retour à la nature (du moins pour ceux qui en sont coupés) ; la beauté des gestes et des mouvements n’y est pas.

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