Do Ré Mi Fashion de Marion Lépine

Des chansons en magasin

Do Ré Mi Fashion de Marion Lépine

La chanson théâtrale, ou théâtralisée, se porte bien. Car réunir et interpréter des chansons sous un angle nouveau, c’est pousser la chanson au plus haut de ses notes, brosser le tableau d’une époque ou saisir des états d’âme, un climat, le passage du temps… Marion Lépine et, avec elle, Aurore Bouston et Isa Fleur, ont pris une direction qui n’est pas tout à fait thématique. Elles ont imaginé qu’elles étaient trois employées d’un dépôt-vente de vêtements au moment de la fermeture du commerce. Ces trois subalternes doivent vider le magasin, alors qu’il est encombré de robes, de manteaux, de sous-vêtements, de bibelots et de parures qui n’ont pas trouvé preneur. Alors elle enlèvent, rangent, mettent dans de cartons, s’amusent à porter ces fringues et ces chapeaux, en harmonie avec les chansons qui leur passent par la tête. Défilent, notamment des chansons de Félix Leclerc (La Chanson du pharmacien), Johnny Halliday (Que je t’aime), Joe Dassin (L’Eté indien), Léo Ferré (Monsieur Williams), Claude François (Comme d’habitude), Claude Nougaro (Rimes), Jean-Baptiste Clément (Le Temps des cerises)… Pratiquement que des chansons françaises, mais aussi bien des textes d’auteur que des airs dansants. C’est divers, mais cette sinuosité parmi des œuvres bigarrées vient du fait que la situation de départ mène à bien des préoccupations humaines. Le vêtement, c’est la mode, la volonté de séduire mais c’est aussi le corps, donc la nourriture, les régimes, la peau, le contact des épidermes, les rencontres imprévues…
Ce voyage parmi les airs que l’on a oubliés ou qui se sont ancrés en nous, Aurore Bouston, Marion Lépine et Isa Fleur l’effectuent avec de jolies voix, des présences physiques très joyeuses, des personnalités contradictoires donc complémentaires et un humour plus proche de la bonne humeur que de l’ironie distanciée. Hervé Devolder, qui a participé à ce spectacle largement collectif, a ajouté quelques touches de son cru pour que le plateau prenne vraiment feu. La gaieté communicative des trois choristes et leur vision féminine de la société, qui se lit de chanson en chanson, expliquent le succès de cette trinité endiablée qui s’est transférée de l’Essaïon au théâtre du Marais.

Do Ré Mi Fashion de Marion Lépine, collaboration à la mise en scène d’Hervé Devolder, ouverture de Louis Dunoyer de Segonzac, arrangements d’Anne Thomas, lumière de Goutodier, avec Aurore Bouston, Marion Lépine et Isa Fleur.

Théâtre du Marais, le lundi 20 h 30, tél. : 01 71 73 97 83, jusqu’au 13 juin. (Durée : 1 h 20).

Photo Charlotte Spillmaecker.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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