"Casse Noisette" par le Ballet national de Chine

Entre cultures occidentale et orientale

"Casse Noisette" par le Ballet national de Chine

Pour les fêtes de fin d’année dans les pays occidentaux, il est souvent coutume d’afficher Casse-Noisette sur la musique de Tchaïkovsky. Avec un peu d’avance, le Ballet national de Chine en présente « sa » version à Paris à la Seine musicale, du 24 octobre au 4 novembre 2018 , une production peu orthodoxe, mais qui se tient, à cheval entre cultures occidentale et orientale. Pour l’occasion, l’Orchestre Pasdeloup sera dans la fosse.
De l’Occident, notamment de l’école française de danse, des Russes également, cette compagnie a appris la technique, grâce à des échanges culturels et la présence à sa tête, comme directrice artistique depuis 2009, d’une danseuse chinoise Feng Ying qui étudia à l’Opéra de Paris en 1982 et 1983.
Rudolf Noureev et les étoiles françaises, Manuel Legris et José Martinez, ont dansé avec le Ballet national de Chine que Lycette Darsonval, une « ancienne » du Ballet de l’Opéra de Paris, a initié à sa version de « Sylvia ». De Natalia Makarova, la compagnie chinoise danse notamment deux piliers du répertoire de la danse académique, La Bayadère et Le Lac des cygnes. De son côté, Feng Ying connaît bien les actuelles possibilités de sa compagnie qui a été créée en 1959 avec l’aide des Soviétiques et où elle a fait toute sa carrière depuis 1973.
La dernière venue de cette compagnie chinoise à Paris remonte à 2013.
L’action de Casse-Noisette, dont le livret initial a été emprunté au conte fantastique d’Hoffmann, se déroule à Noël. Or pour la majorité des Chinois, la fête de Noël ne signifie rien. Mais en revanche, la célébration du Nouvel An chinois se déroule au premier trimestre de l’année et donne lieu dans les familles à des échanges de cadeaux.
A cette occasion, la petite héroïne du conte qui est chinoise, reçoit d’un de ses compatriotes habillé en Occidental un casse-noisette. Suit le passage en revue dans la deuxième partie du ballet des danses et des marches, qui sont le prétexte à un cosmopolitisme arrangé à la mode chinoise, avec force lanternes, tigres, dragons, monstres et rites du Nouvel An chinois. Ce sont ainsi les tigres qui combattent l’armée des rats sur fond de pétards que l’on lance à minuit ce jour là, pour éloigner le monstre Nian Chu qui apparaît en Chine selon la légende. Les présents échangés au début du ballet (étoffes de soie, porcelaines, etc…) sont ensuite utilisés comme motifs des danses de la deuxième partie. La danse des flocons devient évolutions de grues, oiseaux qui en Chine sont présages de bonheur.

Pour qui connait bien la danse, Casse-Noisette est un ballet du répertoire qui se prête depuis sa création en 1892 par Lev Ivanov et Marius Petipa, à une certaine liberté d’interprétation. La plupart des versions s’inspirent de l’esprit de l’œuvre originale, même si la chorégraphie diffère. Deux orientations principales se manifestent : les unes cherchent à donner une cohérence psychologique à la petite héroïne (Youri Grigorovitch en 1966, Roland Petit en 1976), les autres influencées par la psychanalyse, sont plus proches du fantastique de Hoffmann (John Cranko en 1966, Rudolf Noureev en 1967, Mark Morris en 1991). John Neumeier et Maurice Béjart proposent des lectures très personnelles quant à eux : le premier en 1971 insiste sur le moment éphémère où l’on quitte l’enfance pour entrer dans l’âge adulte, le deuxième en 1998 suggère le rapport œdipien à la mère.
Au public qu’une version traditionnelle de Casse-Noisette préférerait davantage que celle des Chinois, il aura comme recours d’assister à Paris au Théâtre des Champs-Elysées à celle d’après Petipa, que dansera du 23 décembre 2018 au 6 janvier 2019 le Ballet de l’Opéra de Kiev, compagnie qui a été créée il y 150 ans et qui ne s’est pas produit à Paris depuis 1964.

Photos : Casse-Noisette Ballet national de Chine DR

Seine musicale à Paris : Ballet national de Chine, 14 représentations du 24 octobre au 4 novembre 2018, à 20h30 du mardi au samedi, séances supplémentaires le samedi 16h, le dimanche 28 octobre 14 h et 18h et dimanche 4 novembre 16h, durée 2 heures, places de 25 à 95€.

Théâtre des Champs-Elysées à Paris : Ballet de l’Opéra de Kiev, quinze représentations du 23 décembre 2018 au 6 janvier 2019, à 15h les 23, 24, 29, 30 décembre et 5 et 6 janvier et à 20h les 26, 27, 28, 31 décembre et les 2, 3, 4 5 et 6 janvier, places de 21 à 98€.
,

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook