White dog d’après Romain Gary

Manipulations à double-fond

White dog d'après Romain Gary

Dans les années 1960, dans certains états du sud des Etats-Unis, on dressait des chiens pour attaquer les Noirs. On les appelait les chiens blancs. Lors de son séjour à Hollywood avec son épouse Jean Seberg, très engagée politiquement, entre autres auprès des Black Panthers, Romain Gary a recueilli l’un de ces chiens que le couple a voulu faire rééduquer par Keys, un employé noir qui travaillait dans une sorte de zoo. Mais le résultat n’est pas celui escompté, Keys a inversé le dressage de Batka en lui apprenant à attaquer les blancs après l’avoir soumis de la pire manière.Tout cela dans les années 1968, sur fond de manifestations des Noirs pour réclamer leurs droits civiques dont s’ensuivit l’assassinat de Martin Luther King, sur fond de guerre du Vietnam et de Mai 68 parisien. Gary en a fait un récit puissant pour dénoncer le racisme sous toutes ses formes et toutes les violences.

La compagnie Les anges au plafond s’est emparée de ce texte dense et tendu pour en révéler toute la teneur dans un dispositif riche de possibilités inattendues. Un percussionniste et chanteur Arnaud Biscay accompagne avec talent le spectacle, soulignant les tensions croissantes du récit. Car il s’agit d’un récit délivré en une série de tableaux courts qui se succèdent rapidement. Le papier est l’alpha et l’oméga de la conception du spectacle. Grands panneaux qui servent d’écran de projection d’ombres chinoises, d’images d’archive revisitées d’émission de télévision ou que l’on découpe pour révéler un personnage comme sorti tout armé des pages du livre ; figurines de papier, pop-up, disposées sur un manège et projetées ; jusqu’au chien, magnifique marionnette de papier, grand chien blanc dont la silhouette, très expressive, évoque le berger allemand de Gary. Les ressources ingénieuses fourmillent dans ce spectacle efficace qui crée des liens subtils entre manipulation politique, psychologique du chien, des hommes, et manipulation marionnettique ; un spectacle si exigeant qu’il veut parfois trop en faire, en restant toutefois au plus près du roman qu’il charge d’électricité au bord du survoltage.

White dog, d’après Chien blanc de Romain Gary ; adaptation : Brice Berthoud et Camille Trouvé ; dramaturgie : Saskia Berthod. Mise en scène : Camille Trouvé assistée de Jonas Coutancier. Avec Brice Berthoud, Arnaud Biscay, Yvan Bernardet et Tadie Tuené. Marionnettes : Camille Trouvé, Amélie Madeline et Emmanuelle Lhermie. Scénographie : Brice Berthoud assisté de Margot Chamberlin. Musique : Arnaud Biscay et Emmanuel Trouvé. Création sonore : Antoine Garry . Lumière : Nicolas Lamatière. Costume : Séverine Thiébault. Du 30 janvier au 11 février 2018. Du mardi au samedi à 20h. Dimanche à 17h. Jeudi 8 février à 20h : séance adaptée en langue des signes français. Séances scolaires : jeudi 1er février à 14 h 30, jeudi 8 février à 14 h 30 (adaptée en langue des signes française), vendredi 9 février à 14 h 30. Durée : 1 h 20
Le Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette
photo Vincent Muteau

Les dates de tournée en 2018 :
• du 15 au 21 mars - Festival MARTO, SN - Malakoff (92)
• 6 et 7 avril - La Ferme de Bel-Ebat, Guyancourt (78)
• du 10 au 14 avril - Le Bateau-Feu, SN-Dunkerque (59)
• du 17 au 19 avril - Le Tangram - SN - Evreux (27)
• 17 et 18 mai - Théâtre de l’Hôtel de Ville,
Saint-Barthélémy d’Anjou (49)
• 24 et 25 mai - Le Trident - SN - Cherbourg (50)
• 5 et 6 juillet - Théâtre du Cloître, Bellac (87)

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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