Requiem d’Anna Akhmatova

• Publié par Dominique Darzacq
• 8 janvier 2017
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Lui, André Markowicz, polyglotte et traducteur passionné et soucieux de rendre en français les saveurs de la langue qu’il traduit, elle, Sonia Wieder Atherton , magistrale violoncelliste dont l’imaginaire fécond arpente tous les territoires, se devaient de se rencontrer. Ce qu’ils firent en 2010, à la Cité de la musique lors d’une émission de France-Culture autour d’Ossip Mandelstam et d’Anna Akhmatova. Depuis ils rêvaient de se retrouver ce qu’ils font les 14 et 15 janvier pour Requiem , une suite de poèmes que, pendant la terreur stalinienne, Anna Akhmatova composa seulement dans sa tête et que, pour ne pas en perdre la trace, elle confia à la mémoire de sept amies chargées de les lui redire régulièrement. « Il s’agira pour nous, autant que nous le pouvons, de partager la terrible beauté de cette langue et de faire entendre, d’une façon ou d’une autre, la résistance de tout un peuple. Car c’est de cela qu’il s’agit », explique André Markowicz qui nous fera entendre les poèmes de Requiem en russe puis en français dans une traduction à vif, « en un oratorio de langues », auquel Sonia Wieder Atherton entremêlera les sonorités de la 3eme suite pour violoncelle seul, opus 87 de Benjamin Britten. « Un choix pas si étrange qu’il pourrait y paraître » remarque Sonia Wieder Atherton qui ajoute « cette suite est inspirée des thèmes russes, chansons populaires, chants orthodoxes…son écriture, tour à tour rauque, tendre, lyrique, polyphonique, ses chants profonds, graves comme la voix d’Anna Akhmatova, feront écho au puissant et dramatique Requiem de la poétesse russe ».

Leur Odyssée

Quelques jours plus tard, toujours au TGP Saint-Denis, (du 20 au 22 janvier) avec Leur Odyssée , on retrouvera Sonia Weider Atherton à l’archet passeur de mondes, et pour qui la musique est une terre d’aventures où se brisent les frontières entre classique et contemporain, savant et populaire, une langue à décrypter et à partager. C’est bien sur l’idée du partage et d’une langue commune qu’est née l’épopée des Odyssées .
A l’origine, il y eut (2012), Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire , un concert singulier imaginé autour de la Méditerranée et conçu comme le troisième volet d’une trilogie comprenant Chants juifs et Chants d’Est . La musicienne y confrontait la musique interprétée au violoncelle à une bande son faite de bruits de vagues, de vent, de tempête, de sanglots, de voix. Souhaitant que son Odyssée « rencontre des milliers d’autres Odyssées », Sonia Wieder Atherton a décidé de développer ce spectacle concert, de manière interactive, en demandant à ceux qu’elle rencontre d’enrichir sa bande son de leur expérience et leur imaginaire. « La bande son devient une matière vivante qui chaque fois réinvente l’œuvre » explique la violoncelliste qui pendant un an est allée à la rencontre des odyssées des lycéens de Villeneuve-la-Garenne. Avec également pour visées « de les sensibiliser à l’écriture sonore » qu’il s’agisse des sons d’un instrument, de la nature ou des bruits de la ville et d’ouvrir leur imaginaire à la curiosité. « Ensemble, semaine après semaine, nous avons imaginé les sons de nos rêves que nous avons cachés dans le reflux des vagues, nous avons scandé nos colères qui scanderont à leur tour celles de mon violoncelle, nous avons chanté dans bien des langues, accompagné de chants anciens. Mon Odyssée est devenue la leur » précise Sonia Wieder Atherton qui avec son violoncelle y mêlera les musiques de Krawczyk, Aperghis, Bach, Granados, Prokofiev, Bellini, Schumann et aussi des chants traditionnels corses, égyptiens, hébreux, arabo-andalous.
De quoi dresser l’oreille, non ?

Requiem Akhmatova- Britten avec André Markowicz et Sonia Wieder Atherton
14 janvier 20h, 15 janvier 15h30
Leur Odyssée conception et violoncelle Sonia Wieder Atherton
20 et 21 janvier 20h, 22 15h30

TGP Saint Denis tarifs de 6 à 23 €. Tel 01 48 13 70 00

Photos 1©C Akerman 2 Odyssée Sonia Wieder Atherton ©Marte Lemelle