Paris - Théâtre du Châtelet

Monkey, journey to the west

Du singe à l’homme, drôle de voyage vers la sagesse

Monkey, journey to the west

Depuis l’arrivée de Jean-Luc Choplin, le Théâtre du Châtelet a changé d’identité. De classique, elle est devenue plurielle. Ouverte à tous les horizons des musiques de notre temps. Après la réhabilitation de l’opérette de papa avec le très kitsch Chanteur de Mexico, en témoigne à nouveau ce Monkey, journey to the west, premier opéra-pop à naître dans une très traditionnelle maison d’opéra.

Les tribulations comico-spirituelles d’un Roi Singe en quête d’immortalité

Un spectacle total, imaginé et conçu par le réalisateur chinois Chen Shi-Zheng à partir du plus populaire roman de la littérature chinoise, le Xi You Ji de Wu Cheng’en, roman fleuve en cent chapitres publié en 1592 autour d’une légende millénaire relatant les tribulations comico-spitituelles d’un Roi Singe en quête d’immortalité.
Chen Shi-Zheng s’était fait connaître en France il y a quelques années avec une petite merveille intitulée Le Pavillon aux Pivoines puis, à Aix-en-Provence, il avait signé un Cosi fan Tutte orientalisant mais pas vraiment convaincant. Pour ce Monkey, Journey to the west il a fait appel à quelques têtes d’affiche des musiques pop et rock d’Angleterre : Damon Albarn et Jaime Hewlett, les gourous déjantés du groupe Gorillaz, le premier ex-chanteur de Blur, le second dessinateur et créateur du personnage Tank Girl, les deux associés depuis près d’une dizaine d’années en rythmes rock et hip hop sur des créatures virtuelles. De leur collaboration ont jailli neuf tableaux en une singulière fusion de tous les ingrédients des arts du spectacle : paroles et musiques, chants, danses, arts martiaux et jeux de cirque ciné, BD, dessins animés, projections vidéos en 3D et trucages divers…

Sur les chemins de l’Inde à la rencontre du vrai Bouddha

Le tout au service de cette histoire écrite il y a de plus de 400 ans. Où un Roi-Singe né d’un œuf pondu par une pierre, sûr de lui et dominateur se met à parcourir le monde dans tous les sens pour y dénicher la formule magique qui le rendra immortel. Il se démène tant et si bien que Bouddha, énervé par ses gesticulations l’enferme dans la paume de sa main et l’y maintient prisonnier durant cinq siècles… Il pourra ensuite se joindre à un jeune bouddhiste, brave et pieux, parti sur les chemins de l’Inde à la rencontre du vrai Bouddha et de ses enseignements. La route se fera avec quelques compagnons - un Cheval Blanc, autrefois Prince Dragon, Porcet, un homme cochon qui fut Amiral de la Voie Lactée, Sablet, guerrier déchu ancien Général d’Armée - et sera semée d’embûches et d’épreuves : ils auront à vaincre l’eau, la terre, l’air et le feu, un parcours entre grotesque et métaphysique, initiation à la vie et à la sagesse qui rend à chaque spectateur son âme d’enfant. Des diables fluo, des jongleurs et jongleuses, des personnages qui volent sous les cintres et par-dessus le public, du kung fu en veux-tu en voilà, des filles fleurs et des filles serpents, des contorsionnistes aux corps en caoutchouc, des pieuvres et des étoiles de mer… Des solistes, des choristes, des rengaines en mandarin, des scies musicales et vingt quatre musiciens dans la fosse, au piano, aux guitares, à la batterie, aux percussions …

Un vrai bonheur pour petits et grands enfants

La féerie de l’esprit mâtinée de manga et de cartoons dure près de deux heures sans entracte. Les habitués du lyrique, les non initiés au genre pop et rock trouveront peut-être le temps un peu longuet. Les mêmes regretteront sans doute l’ampleur de la sonorisation qui fait pétarader les tympans. Il est vrai que dans les salles à l’acoustique étudiée pour les sons naturels et nus, les déluges décibels obscurcissent plutôt qu’ils ne servent la musique. Le même constat avait été fait à Bastille l’été dernier pour le magnifique Temps des Gitans d’Emir Kusturica.

Il n’empêche : cette première incursion dans l’imaginaire d’hier avec tous les ingrédients de celui d’aujourd’hui est un vrai bonheur. Pour petits et grands enfants.

Monkey, journey to the West , d’après le classique de la literature chinoise Xi You Ji de Wu Cheng’en, conception et mise en scène Chen Shi-Zheng, musique Damon Albarn, concepts visuels, costumes, décors, animations Jamie Hewlett, orchestre et chœur de Damon, Albarn, direction musicale André de Ridder, chorégraphe des arts martiaux Zhang Jinghua, chorégraphes des soieries Caroline Vexler, masques, maquillages et perruques Bertrand Dorset. Avec Fei Yang/Yang Fukai, Yao Ningning, Wang Mei, He Zijn, Lieu Chang, Xu Kejia, Tang Ling, Zeng Li, Jia Ruhan – Acrobates, interprètes d’arts martiaux, chanteurs d’opéra chinois.

Théâtre du Châtelet, les 26,27,28,29,30 septembre,2,3,4,5,7,9,10,12,13 octobre
01 40 28 28 40
Berlin – Staatsoper Unter den Linden – en juillet 2008

http://www.chatelet-theatre.com/

Crédit photos : Marie-Noëlle Robert

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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2 Messages

  • Monkey, journey to the west 3 octobre 2007 09:21, par monkeymarc
    • Monkey, journey to the west 9 octobre 2007 00:49, par doosmusik

      A propos de ...

      Monkey Journey ...

      Ben en fait vu l’idée que je m’étais fait du spectacle, j’avais peut-être
      placé la barre un peu haut.
      Du coup j’ai assisté à un très beau spectacle bien monté, de beau décors, de
      beau costumes, un livret musical sympa avec un bel orchestreet des chanteurs et chanteuses ... euh ... de l’opéra de Pékin bien quoi !
      ... Mais je n’ai jamais eu le sentiment de me prendre une grosse claque ou au
      moins d’être étonné.

      En fait les prestations acrobatiques ne sont jamais sur le registre de
      l’excellence, juste des numéros - certes bien emballés - que tu vois partout
      en jonglerie de rue (bâton, bolas, diabolo) et des acrobates qui tournent
      des flips et des saltos des mono cycles qui font du sur place - et comble malchance le soir où j’étais là une vautre sur un déplacement venant de coulisse et le petit monocycle qui reste planté sur scène jusqu’à ce qu’un Kung-Fu-Man quitte la scène en débarassant le plateau - et 3 nanas qui s’entortillent autour d’un ruban.
      Coté féerie, lorsque tu as croisé des spectacles comme ceux de Découflé ou
      Goude, c’est la grosse cavalerie ; les acteurs sont trimballés dans les airs
      par des filins le tout sans grande originalité. Le livret est lui très
      intéressant sur le papier mais son expression scénique est très ... comment
      dire ... simplifiée ? non, pauvre carrément pauvre. et les messages se
      déplacent avec leurs grosses papates qui font du bruit parterre.

      En bref, pour un spectateur n’ayant pas vu le show de Mulan à EuroDisney, on
      peut trouver cela bien (Bon là je suis juste un peu sur le registre caricature .... quoi que ...)
      Pour quelqu’un qui a une haute image de la capacité des anglais à produire
      des spectacles, même un peu maladroit, souvent bien décalé, il ressort de ce
      spectacle avec l’impression d’avoir vu, plutôt qu’un opéra chinois, une
      comédie musicale anglosaxone aseptisée.

      Je pense que j’irais voir le Roi Lion pour me consoler de cette déconvenue.
      (Humour là quand même)

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