Paris-Théâtre de l’oeuvre

L’Opéra de Sarah : avant l’Amérique d’Alain Marcel

Une belle performance d’acteur

L'Opéra de Sarah : avant l'Amérique d'Alain Marcel

Impossible de parler d’elle sans accoler à son nom l’adjectif « grande ». La grande Sarah Bernhardt a construit son propre mythe au point qu’on ne sait plus si elle doit sa renommée à son talent ou à sa forte personnalité et à sa vie tapageuse. Toute au long de son existence, elle aura eu ce don incomparable de cultiver sa popularité malgré un caractère de cochon. Grâce à de nombreux appuis, elle entre au conservatoire en 1862, puis toujours par piston, dirait-on aujourd’hui, à la Comédie-Française dont elle claque la porte deux fois. Elle triomphe dans les rôles de tragédie classique mais aussi dans La Dame aux camélias de Dumas fils. Avec sa propre compagnie, elle fait le tour du monde, gagne beaucoup d’argent et ouvre son théâtre (l’actuel Théâtre de la ville). Elle est réputée pour ses emplois masculins, (L’Aiglon, Lorenzzaccio). On connaît la fin, l’amputation, etc. Mais le spectacle d’Alain Marcel, écrit, dit-il, en hommage à ses professeurs de théâtre, s’arrête pour le moment à la veille du départ en Amérique. La deuxième partie suivra peut-être.
D’emblée, l’auteur prend le spectateur à revers en débutant le spectacle par une scène inattendue et fort drôle, qui ne tiendra pas tout à fait ses promesses, entre la nourrice bretonne et la petite Sarah. L’histoire sera chronologique, construite en brèves séquences. On sent la volonté d’une progression rapide comme on tournerait les pages d’un album, mais la structure presque identique de chaque tableau alourdit ce récit polyphonique joué par un seul comédien, Jérôme Pradon. Ce n’est pas une pièce de théâtre à proprement parlé mais véritablement un récit où Sarah Bernhardt est évoquée par le biais d’une narration qui met en scène les personnages que l’actrice a croisé, et ils sont pléthores dans la vie de Sarah, pas moins de quatre-vingts, en comptant les figurants. La performance d’acteur est absolument admirable. Jérôme Pradon dégage une vitalité, une vivacité sidérante. Aussi magicien qu’un Frégoli, il passe d’un personnage à l’autre en un clin d’oeil amusé tout en en traçant une esquisse d’une haute précision. Excellent acteur, il chante aussi fort bien et on regrette que la partition musicale ne lui donne pas l’occasion d’exprimer au mieux ses talents de chanteur. Il a beaucoup travaillé en Angleterre dans des comédies musicales et on a pu le voir récemment dans Le Cabaret des hommes perdus de Christian Siméon et Patrick Laviosa, mis en scène par Jean-Luc Revol (Molière du meilleur spectacle musical en 2006). Ce n’est pas la dimension lyrique que l’on retiendra de ce spectacle mais le talent du comédien.

L’Opéra de Sarah : avant l’Amérique d’Alain Marcel, mise en scène de l’auteur avec Jérôme Pradon. Au théâtre de l’OEuvre du mardi au samedi à 21h, matinée dimanche à 15h30. Tél : 01 44 53 88 88. Durée : 2h.

crédits photo : Eric Devert

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook