Marseille - Théâtre Gyptis jusqu’au 21 mars 2009

GLORIA de Jacques Hansen d’après Sunset Boulevard de Billy Wilder

Jacques Hansen invite le cinéma au théâtre et habille sa nostalgie en noir et blanc

GLORIA de Jacques Hansen d'après Sunset Boulevard de Billy Wilder

Quand on pense à Jacques Hansen, homme de théâtre, comédien et metteur en scène, le premier mot qui vient à l’esprit est « élégance » : élégance dérivée de celui qui fut le héros paumé de Merci pour le geste le film de Claude Faraldo, élégance de jeu au théâtre ou à la télévision, élégance de ses choix et de ses engagements, les premières pièces de Philippe Madral qu’il monta en finesse ou l’hommage festif qu’il rendit au poète et chanteur Julos Beaucarne.

Elégance intérieure enfin sous son allure de dandy aux tempes aujourd’hui grisonnantes qui cache des passions chevillées à l’âme. Comme celle d’un certain cinéma, quand la parole n’était pas encore de mise et que les monstres sacrés bâtissaient les légendes. Le film de Billy Wilder Sunset Boulevard où rayonnait Gloria Swanson dans le rôle d’une diva du muet soudain prise au piège du parlant allait forcément nourrir son rêve de mettre en théâtre ce magnifique travelling sur la vie qui passe, qui se fige et se brise sur les murs du temps et de la renommée. Sur l’éphémère destin du métier d’acteur.

Le grand escalier et la diva somnambule

Ce rêve vient de devenir réalité au théâtre Gyptis de Marseille, petit lieu créatif des quartiers nord de la ville co-dirigés par Andonis Voyoucas et Françoise Chatôt et dont Hansen est depuis longtemps l’un des fidèles pensionnaires et collaborateur. Ainsi Sunset Boulevard noir thriller psychologique tourné en 1950 y devient en 2009 Gloria comme le prénom de l’actrice qui en tissa la renommée. Sur scène, le grand escalier qu’elle descend en diva somnambule aligne ses marches et sa rambarde de fer forgé, un canapé, quelques accessoires complètent le décor qui n’en demande pas plus.

Quelques glissements sont opérés dans l’identité des personnages, Joe, le scénariste séducteur qu’interprétait William Holden, s’appelle ici Franck et est joué par le jeune Grégoire Roger, mais Max, le majordome incarné par Erich von Stroheim, reste Max et Philippe Séjourné réussit à lui restituer son inquiétante épaisseur. A Françoise Chatôt incombe la lourde tâche de passer de Norma à Gloria et de lui donner sa substance tragique. Elle a l’âge du rôle et ses luxueuses tenues lui en confèrent l’apparence mais elle peine à rendre crédible le déclin d’un charme et d’une autorité inscrits dans l’histoire. La magie d’un monstre sacré, ce « plus » qu’on appelle aussi le charisme ne s’invente pas.

Une transposition où le ciné se taille la part belle

Plaisir des yeux, plaisir des oreilles : Hansen réalise une transposition en 3D où le ciné continue de se tailler la part belle avec cet écran géant en fond de scène où dansent les images filmées par Denis Cartet : des ambiances en pointillé superbement mises en lumières par Richard Psourtseff - la scène de rue où se détache en rouge une cabine téléphonique anglaise est saisissante - puis les gros plans des acteurs qui confient à la caméra les petits secrets de leur quête. Enfin la musique qui s’infiltre en jazz et chansons signées Robert Gaillot et interprétée par Sapho, rien de moins. …

GLORIA d’après Sunset Boulevard de Billy Wilder, adaptation et mise en scène de Jacques Hansen, chansons et musique de Robert Gaillot, arrangements musicaux de Richard Kronland-Martinet, lumières Richard Psourtseff, création vidéo Denis Cartet, costumes Eliane Tondut. Avec Grégoire Roger, Philippe Séjourné, Françoise Chatôt, Andonis Voyoucas, Sylvain Paturel, Stéphanie Fatout, Jacques Hansen et les voix de Dominique Riquet, Jérôme Alexandre, Agnès Audiffen, Denis Laroussinie, Richard Martin.

Marseille – Théâtre Gyptis, du 10 au 21 mars, mardi/vendredi/samedi à 20h30, mercredi/jeudi à 19h15

04 91 11 00 91 – www.theatregyptis.com

Crédit photo : François Mouren Provensal

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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