Festival de Radio France et Montpellier 25ème édition

Cordes en fête

Vingt Stradivari au rendez-vous à Montpellier

Cordes en fête

La 25ème édition du Festival de Radio France et Montpellier a pris son envol sur des cordes en fêtes : douze violons, quatre altos ; trois violoncelles tous sortis des ateliers de Stradivarius avaient pris place sur la scène du Corum-Opéra Berlioz dans les mains, ferventes, intimidées sûrement, des musiciens de l’Orchestre National de Montpellier, du Kreutzer Quartet, d’une poignée de violonistes invités et d’Augustin Dumay en soliste star.

Montpellier future Crémone du XXIème siècle

On connaît peu de choses de la vie du légendaire luthier Crémone – 1644 ?-1737 mais les nombreux instruments portant sa griffe ont traversé les siècles jusqu’à en devenir la référence absolue. Le rassemblement d’une vingtaine de ses exemplaires constitue un événement unique et pèse quelques soixante millions d’euros. Dès le lendemain du concert d’ouverture du festival, ils allaient composer, en version muette, le cœur d’une exposition au Musée Fabre, fierté de la ville. Ils viennent du Japon (collections Munetsugu et Nakazawa), de Norvège (Dextra Music AS), de Taiwan (ChiMei Foundation), de la Royal Academy of Music de Londres et de diverses collections privées. Les éditions Actes Sud leur consacre un livre catalogue superbement illustré et commenté. Des ateliers et démonstrations de lutherie accompagnent l’événement, le tout coordonné, organisé par l’Académie Internationale de Musique de Montpellier sous l’impulsion des commissaires Peter Biddulph et Frédéric Chaudière. Un tour de force en quelque sorte qui devrait donner une énergie supplémentaire à la florissante facture d’instruments à cordes de Montpellier. Pour que celle-ci, rêve Georges Frêche, président de la région et de la communauté de la ville, devienne la Crémone du XXIème siècle.

La traditionnelle Bacchanale Sauvage

Le concert d’ouverture du 14 juillet ne fut sans doute pas tout à fait à la hauteur de cette ambition, ni des trésors qui vibraient sous les archets des instrumentistes. Le programme imaginé et conçu par René Koering, fondateur et président du festival, dans l’esprit de sa traditionnelle « Bacchanale Sauvage » mêlant le burlesque au sérieux n’était pas de bout en bout idéal en regard de l’enjeu. Avec sa fougue coutumière Alain Altinoglu, un habitué du festival, dirigea tour à tour l’Orchestre Stradivarius constitué par les musiciens de l’Orchestre National de Montpellier et du Kreutzer Quartet puis, après l’entracte, l’Orchestre de Chambre Pelléas.

Vivacité et rythme qui sont en quelque sorte ses marques de fabrique enlevèrent les six minutes de la « kleine bayreuther nachtmusik » - « la petite musique de nuit de Bayreuth »,soit l’un des « tubes » de Mozart cauchemardé en dérapage wagnérien loufoque. Romantisme et émotion pour le poème pour violon et cordes d’Ernest Chausson sous l’archet d’Augustin Dumay, grâce et piété pour le Stabat Mater de Vivaldi fort bien servi par la mezzo Nora Gubisch et l’orgue positif de Jean Dekyndt.

Vingt minutes d’intensité spirituelle

La meilleure surprise de la soirée fut entendue après l’entracte avec un poème pour deux violons et orchestre d’Eugène Ysaÿe, une trouvaille du chineur de musique qu’est René Koering, qu’il révisa à partir d’un manuscrit jusqu’alors inexploré. Sur leurs Stradivari la coréenne So-Ock Kim et l’arménien Hrachya Avnesyan firent corps avec l’Orchestre de Chambre Pelléas pour vingt minutes de belle intensité spirituelle.

La soirée aurait pu, aurait dû s’arrêter là, mais l’esprit potache de René Koering, autre caractéristique du surintendant de la musique de Montpellier, en décida autrement. Exit les Stradivari de légende, place à une troupe chanteurs chahuteurs pour la transcription française d’extraits d’une opérette pastiche d’Oscar Straus (avec un seul « s » pour marquer la différence avec les Johan et Richard), « Ces sacrés Nibelungen », généralement jouée en marge du festival de Bayreuth. Histoire de rire du pire du fameux Ring wagnérien mais qui ici se limita à une sympathique revue de patronage.

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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