jusqu’au 28 juin

10é édition du Festival de caves

Le sous-sol comme extension du territoire théâtral

10é édition du Festival de caves

Festival singulier qui chemine, si j’ose dire, hors des sentiers battus, et a pour berceau Besançon, le Festival de caves est de ceux qui inaugurent la saison festivalière, puisque dès le 1er mai et jusqu’au 28 juin, il essaimera quelque 38 spectacles ici et là dans l’Hexagone. On y parlera d’ici, de maintenant, et d’ailleurs , on y parlera de rêve et d’amour, de politique et de solitude, du quotidien qui broie , de l’Homme occidental et du monde libéral (Au-dessus à jamais d’après Foster Wallace), les jeunes équipes y côtoieront des metteurs en scène confirmés tels Gilles Bouillon ( Wild West Show ) ou Alain-Alexis Barsacq ( Le Corps d’Etat de Baliani). Il y aura des spectacles musicaux et des performances, on y entendra des auteurs à la plume aussi féroce que lucide, Kroetz ( Apocalypsis d’après Concert à la carte ), Schimmelpfenning ( Temps Universel +1 ). On y entendra également celle du Divin Marquis , L’Affaire Sade . Cette lecture spectacle à partir de l’œuvre de Sade est, avec Toussaint qui met sur la sellette le combat et la personnalité complexe de Toussaint Louverture, la seule réalisation à renouer avec l’idée qui présida à la naissance du Festival

Tout a commencé en 2005, à Besançon où la troupe bisontine Mala Noche créait dans les caves d’un particulier, et en partenariat avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de la ville , Le journal de Klemperer , monologue adapté du journal que ce philosophe allemand a tenu de 1933 à 1945 et qui dût à un bombardement d’échapper à la déportation. Si la cave semblait à la troupe le moyen judicieux de rappeler « les conditions de survie et la nécessité de se cacher pour un intellectuel comme Klemperer sous un régime dictatorial », elle se révéla par la même occasion, « un lieu formidable de création », un lieu où la contrainte de l’espace libère l’imagination en même temps que son intimité favorise « une écoute qui permet de donner à voir et à entendre des œuvres complexes » explique Guillaume Dujardin metteur en scène et chef de troupe.

Ainsi, histoire d’organiser autrement et sur le mode intime la rencontre entre artistes et spectateurs, naissait, l’année suivante, ce Festival hors normes qui se donne comme seule contrainte l’unité de lieu, la cave, son ambiance et ce qu’elle suggère, à prendre et à occuper en l’état, quitte à ce que les objets qui s’y trouvent deviennent les éléments de la scénographie. A prendre comme telle aussi par les spectateurs, guère plus d’une vingtaine par représentation, qui comme les créateurs doivent s’adapter à un espace intime certes, mais souvent peu commode où il fait un peu trop frais, où on est un peu trop serré et où l’on risque le torticolis en raison d’une colonne mal placée. "j’ai le sentiment que ce qui est tellement séduisant dans ces caves, c’est leur caractère politique. Tous les actes que nous y menons nécessitent une complicité active des individus composant le public" explique un membre de l’équipe artistique.

Sous la dynamique et enthousiaste houlette de la compagnie Mala Noche, le Festival a trouvé des partenaires, mutualisé ses objectifs et est sorti de son berceau. Ce faisant, il a grimpé le long du Rhône et du Rhin, gagné Lyon et Strasbourg, bifurqué sur Montpellier, Toulouse et Bordeaux, conquis Nantes et Orléans et bien d’autres villes et villages encore puisque que cette 10è édition présente ses 38 spectacles dans 75 villes.

Ainsi, en s’associant avec d’autres compagnies ou organismes implantés hors des frontières de Besançon et de Franche-Comté, Guillaume Dujardin et son équipe de la Mala Noche ont créé un vaste réseau théâtral où les spectacles circulent par des passages souterrains que leur rêve de rencontre et de création autrement a creusé. A y regarder de près, il se pourrait bien que leur chimère soit une réponse joyeuse et pionnière à la frilosité des institutions et aux difficultés que rencontrent les compagnies indépendantes pour se faire entendre en même temps qu’ils font la preuve par festival interposé, qu’en sous-sol, on peut aussi trouver quelques pépites. Il suffit d’être curieux.

Festival de caves du 1er mai au 26 juin.
Besançon tel 03 63 35 71 04 festivaldecaves@gmail.com /www.festivaldecaves.fr

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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1 Message

  • 10é édition du Festival de caves 27 avril 2015 14:07, par Mangeard Lucrèce

    Bonjour,

    L’adresse mail pour les réservations a changé : festivaldecaves2@gmail.com désormais.
    Si vous pouvez mettre à jour cette adresse. Bien à vous.

    Répondre au message

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