Paris - Salle Pleyel

Tancrede de Rossini

Un Rossini enlevé en allégresse

Tancrede de Rossini

On aime et on apprécie René Jacobs, chef de file des baroqueux. Mais les mélomanes rêvaient surtout de le voir à la tête de l’Orchestre des Champs Elysées, diriger une si belle oeuvre de Rossini. Le chef et ses musiciens jouant sur instruments anciens ont obtenu un succès plus que mérité Salle Pleyel avec un TANCREDE d’exception. Cette oeuvre, trop rare donnée, exécutée en version de concert a suscité enthousiasme et nombreux rappels. Composé en 1813, TANCREDE , créé à la FENICE de Venise souleva aussitôt l’enthousiasme, davantage pour sa verve lyrique et sa richesse orchestrale que pour son livret adapté de Voltaire.
Les fans de Rossini n’ont pas oublié la légendaire Marylin Horne chantant « Di tanti palpiti » l’aria le plus fameux de l’opéra. « TANCREDE est un des rôles les plus difficiles du répertoire et à la création, la Malanotte refusa de le chanter. Plus tard, Rossini transposa la tonalité pour la Pasta. Depuis, les plus illustres contraltos et mezzos ont interprété le rôle, parmi lesquelles la Malibran, Pauline Viardot, la Sonntag et la Simionato..

Un drame shakespearien qui s’achève sur un happy end

L’argument, tarabiscoté à souhait et confinant parfois à l’absurde, rappelle qu’en Sicile dans les années 1005, les Sarrasins étaient opposés à l’Empire Bizantin. Y apparaît le chevalier « TANCREDE » décidé à prouver l’innocence de sa bien-aimée Aménaïde, suspectée de trahison. Ce drame shakespearien s’achève sur un happy end de circonstance, histoire de contenter le public.
René Jacobs s’échappe ici du baroque pour diriger magnifiquement ce joyau rossinien, portant les instrumentistes de l’Orchestre des Champs Elysées et les choristes masculins de « The English Voices » à un niveau remarquable.

Un légitime triomphe

Les qualités de chant des solistes n’ont pas déçu. L’Anglaise Rosemary Joshua a vocalisé avec brio dans le rôle d’Aménaïde, tourmentée, amoureuse ; on a quelque peu retrouvé l’ombre de Katia Ricciarielli ou encore le souvenir de Stich Randall. Lawrence Brownlee a montré ses belles qualités de ténor rossinien, non pas comme jeune premier, mais comme père vertueux (Argirio). Frederico Sacchi, baryton de bonne facture, Elena Belfiore contralto blonde vénitienne et le soprano Anna Chierechetti ont complété harmonieusement l’affiche. On attendait en revanche davantage de présence, de vaillance et d’agilité vocale de Bernada Fink, titulaire du rôle titre. Le mezzo argentino-slovène, habituellement très appréciée des mélomanes pour ses interprétations de lieder, a été loin de ses illustres devancières. Son « Di tanti palpiti » manquait singulièrement de lyrisme, ce qui n’a pas empêché cet opéra trop rare, de remporter un légitime triomphe.

TANCREDI (Tancrède) de Gioacchino ROSSINI, (en version de concert) opéra en deux actes sur un livret de Gaetano Rossi d’après Voltaire , créé le 6 février 1813 à la Fenice de Venise.
Orchestre des Champs Elysées, direction René Jacobs, The English Voices, chef de chœur Tim Brown.
Bernada Fink (Tancredi), Rosemary Joshua (Amenaide), Lawrence Brownlee Argirio), Anna Chierichetti (Roggiero, Frederico Sacchi Orbazzano) Elena Belfiore (Isaura),
Salle Pleyel à Paris : 3 juin 2007. 17 heures
Concert enregistré par France Musique
Palais des Beaux Arts à Bruxelles : 7 juin 2007. 19h30

A propos de l'auteur
Charles Rosenbaum
Charles Rosenbaum

Charles nous a quitté le 15 août dernier. Nous vous invitons à lire son portrait par Caroline Alexander.

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