Les Palmes de Monsieur Schutz de Jean-Noël Fenwick
Une comédie radioactive
La création des Palmes de M. Schutz de Jean-Noël Fenwick, c’était il y a vingt-six ans : une pièce qui avait le culot de traiter de la découverte du radium par Pierre et Marie Curie sur le mode de la comédie ! La pièce avait eu un succès considérable, jouée par Stéphane Hillel, Sonia Vollereaux et Gérard Caillaud (sans parler d’une adaptation au cinéma avec Elisabeth Huppert). Une jeune équipe s’en empare à son tour, mais dans la fidélité, puisqu’elle utilise le décor complexe (beaucoup de machineries) du spectacle originel et s’inspire de la mise en scène originelle de Gérard Caillaud. Est-il vrai que les Curie firent leurs découvertes grâce à la pression hargneuse du directeur de leur laboratoire, M. Schutz, dont l’avidité pour des palmes attribuées lors de grandes découvertes scientifiques était sans limites ? L’histoire est réécrite avec une fantaisie qui s’autorise beaucoup de libertés, tout en respectant les réalités scientifiques. Mais Fenwick a su trouvé un angle de départ comique et en a trouvé d’autres à chaque scène, à chaque moment important de l’action.
Patrick Zard’ a imprimé un mouvement sans doute un peu plus vif qu’à l’origine, en donnant aux relations entre les personnages plus de rudesse, plus de nervosité. Constance Carrelet compose une Marie Curie entière, passionnée, charmeuse comme malgré elle. Benjamin Egner est un Pierre Curie dont la raideur scientifique est lentement lézardée. L’amoureux perce lentement sous le savant ! Ces comédiens donnent ainsi une nouvelle vérité – sans doute un peu moins rêveuse et charmante, plus directe - à la pièce de Fenwick, tandis que Daniel Hanssens est encore plus impressionnant que Caillaud dans le personnage de Schutz et que Guillaume Bouchède campe joliment le camarade de Curie. Présence savoureuse aussi de Valérie Vogt et Michel Crémadès dans les seconds rôles. Tout ce beau monde circule dans l’étonnant décor de la création, qui n’avait pas été détruit et dont les machines sont en elle-même un remarquable tableau rétro. Il y a des pièces qui, avec le temps, perdent de leur radioactivité. Pas celle-là.
Les Palmes de M. Schutz de Jean-Noël Fenwick, direction artistique de Patrick Zard’ d’après la mise en scène de Gérard Caillaud, décor de Jacques Voizot, costumes de Brgitte Faur-Perdigou, lumières de Geneviève Soubirou, avec Guillaume Bouchède, Constance Carrelet, Michel Crémadès, Benjamin Egner, Daniel Hanssens, Valérie Vogt.
Théâtre Michel, tél. : 01 42 65 35 02. (Durée : 2 heures 10 entracte compris).