Dans le cadre du Festival des Zébrures d’Automne à Limoges - Nouvelle Aquitaine.
Iqtibas, texte et mise en scène de Sarah M., France / Maroc.
Laisser advenir en soi toutes les composantes d’une existence.

En 2018 Sarah M. s’engage avec sa compagnie dans un cycle de recherches sur la rencontre entre nos histoires singulières et la grande Histoire, de part et d’autre de la Méditerranée. Le premier spectacle de ce cycle, Du sable & des Playmobil® - Fragment d’une guerre d’Algérie creuse la violence des silences et la difficulté de se reconstruire individuellement et collectivement sur les ruines falsifiée d’une histoire tue. Le deuxième spectacle, Notre sang n’a pas l’odeur du jasmin, inspiré par les soulèvements qui ont eu lieu en Tunisie en 2010/2011, est lauréat de la bourse Beaumarchais-SACD et de l’aide à la création ARTCENA. En 2021, elle est reçue à la Chartreuse – Centre National des Écritures du Spectacle, pour écrire Amnesia, créé au Collectif 12 et programmé à La Tempête en 2023. En parallèle de son travail avec la compagnie, elle crée des spectacles in situ : TU.E.S pour le Festival Lyncéus en 2019 et Dans l’ombre qui s’éclaire à Lomé (Togo) en 2020.
Iqtibas conte une histoire d’amour entre deux jeunes gens à l’aube de leur vie : d’un côté Abel, de l’autre Balkis. Jeunes et ardents, bien installés dans leur temps, ils se rencontrent là où ils vivent à Saint-Denis et s’abandonnent l’un à l’autre dans la foi d’un amour qui pourrait les sauver d’eux-mêmes - de leur histoire et des fantômes du passé. Au-delà de leurs serments affectueux, ils font l’épreuve de la perte des êtres chers ; le père pour Abel…La jeune fille Balkis l’accompagne dans sa peine, lui disant, plaisantant à moitié, qu’il doit devenir Muslim, s’ils se marient un jour. Ils se marient, et Abel consent à tout.
Or, une nuit, tout bascule, mettant à bas le confort d’un bonheur intime. Au Maroc, la terre tremble, elle se fracture au sens propre. Cette fissure dans la terre meurtrit Balkis, qui, décidée, s’en va rejoindre la terre de ses ancêtres.
Les jours passent sans aucune nouvelle de celle qui est partie : Abel est désespérément seul, face à lui-même. Une fracture s’impose qui les sépare. Enfin, après le silence, Balkis lui répond, en arabe. Le travail de traduction aide l’amant à comprendre ce qui les dépasse et s’est immiscé entre eux.
Le texte de Sarah M. coule, paisible, comme de l’eau de source distillant l’état d’âme de la jeune Française aux origines marocaines qui désire élucider une identité qu’elle pensait naturellement assumée, née et vivant aujourd’hui en France. Or, elle découvre peu à peu, selon le cheminement d’une conscience qui s’éveille, que l’impasse ne se fait pas sur les choses tues : les ancêtres d’Abel n’ont pas vécu la même expérience que ceux de Balkis.
Le Maroc était « sous protectorat » - mot employé pour la préservation de certaines espèces en voie de disparition. Lucide, Balkis n’ignore plus l’arbitraire de vies passées au temps du colonialisme français. Elle s’attache d’autant plus à la reconnaissance de la langue de ses ancêtres : là est ce qui sépare les deux amants : à Abel donc de s’approprier la langue arabe.
Sarah M. joue sur les deux tableaux : d’abord, sur l’insouciance heureuse d’une jeunesse qui file de beaux jours à la découverte du désir et de la passion amoureuse. Hayet Darwich et Maxime Lévêque sont des interprètes qui mordent la vie à pleines dents, dansant, chantant, riant, s’esclaffant, criant, accordant à la scène tout ce dont ils sont capables - feu, engouement et goût du jeu à n’en plus finir quand on est si heureux d’être deux.
Dans le second volet, l’univers s’assombrit - épreuves et peines subies -, c’est le temps de la maturité, de la réflexion et de la mise à distance des oublis et des aveuglements premiers. Sous la composition sonore et musicale d’Hussam Aliwat, le spectacle exprime la force intense d’une existence à se ré-approprier, entre les ombres du passé et l’instant présent.
Un éveil d’autant plus fort à soi et au monde.
Iqtibas, texte et mise en scène de Sarah M., France / Maroc, dans le cadre des Zébrures d’Automne - Festival des Créations Théâtrales à Limoges - Nouvelle Aquitaine. A partir de 14 ans. Spectacle en français et arabe (marocain), surtitré en français et arabe. Interprètes et collaboration artistique Hayet Darwich, Maxime Lévêque, Hussam Aliwat, composition sonore et musicale Hussam Aliwat, chorégraphie Wajdi Gagui, traduction Youssef Ouadghiri et Noussayba Lahlou, création lumière, scénographie, construction et régie générale Colas Reydellet, régie son Mikael Plunian, assistanat à la scénographie et à la construction Hervé Koelich. Le 09/01/26 - Houdremont - Centre culturel de la Courneuve. Le 16/01/26 - Collectif 12, Mantes-la-Jolie. Le 23/01/26 - Théâtre Antoine Vitez - Scène d’Ivry. Le
29/01/26 - Théâtre de Châtillon. Le 06/02/26 - La Faïencerie - Théâtre de Creil. Le 10/02/26 - L’Étoile du Nord. Le 17/02/26 - Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine. Le 27/03/26 - Théâtre cinéma de Choisy-Le-Roi.
Crédit photo : Najat Saïdi.



