Nantes, Grand T

Il barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini

Un barbier et un chirurgien : deux spécialistes de l’extraction

Il barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini

Le monopole du commerce avec l’Amérique fit de Séville au XVIIème siècle la capitale économique et financière de l’Europe pendant plus de cinquante ans. L’opulence y côtoyait l’indigence et la dégradation des moeurs était en rapport direct avec la montée de la richesse. Il n’est alors pas étonnant que certains auteurs – de Calderón de la Barca à Beaumarchais, en passant par Lope de Vega, Molière et bien d’autres- aient choisi la ville du Guadalquivir comme toile de fond pour leurs œuvres à caractère social.

Un siècle plus tard Pierre Caron de Beaumarchais y situa la saga des comtes Almaviva dans une trilogie : Le barbier de Séville (1773), Le mariage de Figaro (1778) et La mère coupable (1792). Ce fut Mozart qui, le premier, transposa le Mariage de Figaro à l’opéra pour en faire Les Noces du même Figaro (1786). Vingt ans plus tard encore, en 1816, Gioacchino Rossini mit en musique la première oeuvre du triptyque.
A ce jour aucun compositeur ne s’est intéressé à « La mère coupable », qui relate le crépuscule de la maisonnée avec une très grande nostalgie.

Une mise en scène conformiste et personnelle à la fois.

La mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, ni plate comme celle de Jérôme Savary (voir : http://www.webthea.com/actualites/?Le-Barbier-de-Seville,962), ni pétillante comme celle de Coline Serreau (voir : http://www.webthea.com/actualites/?Le-Barbier-de-Seville-de-Rossini,497) est vive et enlevée : le premier acte, rempli de gags très amusants, a éloigné quelque peu le public de l’action principale, alors que le deuxième, beaucoup plus sobre, a permis de suivre l’évolution de l’action et la qualité du chant. Bien sûr certaines scènes ont surpris, telle l’opération pratiquée par le « chirurgien » Bartolo qui a tourné au Grand Guignol, et, côté décor, dans la même veine, les statues de Jacques Gabel qui semblent issues de l’exposition « Our body, à corps ouvert ».

Autre point étonnant : Figaro est présenté comme un barbier ayant pignon sur rue. Cela a permis à Catherine Leterrier de déployer une flamboyante collection de costumes, au détriment de la crédibilité du personnage. Figaro est en réalité un « pícaro », qui vit dans la rue, ne connaît ni son père ni sa mère et qui a dû déployer beaucoup d’imagination pour se sortir des mille difficultés de celui qui n’a pas de toit, même s’il affirme avoir une « bottega » (« magasin ») qu’il ne possède sûrement pas.

Le « méchant » Bartolo : confiance et sérénité sur scène.

La soirée s’est terminée sous les applaudissements fournis d’un public totalement acquis à la musique du maître de Pesaro. L’Orchestre National des Pays de la Loire sous la direction de Giuseppe Grazioli et les jeunes – et moins jeunes - chanteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes, contribuant ainsi au succès de la représentation. À la tête de la distribution Franck Léguérinel a particulièrement brillé. Il nous a offert un Bartolo colérique et plein de vitalité, apportant cependant une certaine sérénité au reste de la distribution. À ses côtés Paola Gardina, a joué une Rosina légère et sympathique, pas effarée le moins du monde par son « geôlier » Bartolo. Philippe Talbot, enfant du pays, a très justement interprété le personnage de Lindoro/Almaviva. Jeannette Fischer - Berta - a surpris très agréablement par un jeu efficace et des qualités vocales. On peut dire pratiquement la même chose de Wenwei Zhang dans le rôle de Basilio. L’américain Kevin Greenlaw a montré de la puissance vocale et une présence très agréable ; il lui a manqué sans doute la maturité nécessaire à la crédibilité de son personnage, si complexe.

“Il barbiere di Siviglia” , Opéra en deux actes. Livret de Cesare Sterbini d’après la pièce « Le barbier de Séville » de Pierre Caron de Beaumarchais.

Mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia. Direction musicale de Giuseppe Grazioli.
Chanteurs : Philippe Talbot, Kevin Greenlaw, Paola Gardina, Franck Léguérinel, Wenwei Zhang, Jeanette Fischer, Eric Vrain, David Migeot.

Au Grand T. de Nantes les 24, 26, 28 septembre et les 1, 3 et 5 octobre 2010 et à Angers au Théâtre le Quai les 13, 15 et 17 octobre 2010. En semaine à 20h, le dimanche à 14h30.

A propos de l'auteur
Jaime Estapà i Argemí
Jaime Estapà i Argemí

Je suis venu en France en 1966 diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs Industriels de Barcelone pour travailler à la recherche opérationnelle au CERA (Centre d’études et recherches en automatismes) à Villacoublay puis chez Thomson Automatismes à Chatou. En même...

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